Par Greg Seaman, Eartheasy, avril 2011
Il m’a fallu plus de 20 ans de jardinage pour réaliser que je n’avais pas à travailler autant pour obtenir d’abondantes récoltes. Comme l’énergie sans limite de ma jeunesse a laissé graduellement place aux réalités de l’âge mûr, des expériences lentement accumulées m’ont conduit au concept d’un minimum de travail pouvant aboutir à des récoltes plus importantes.
Inspirée en partie par le livre de Masanobu Fukuoka, La Révolution d’un seul brin de paille, ma famille a expérimenté des méthodes de jardinage qui peuvent augmenter la production avec moins d’effort. Fukuoka a passé plus de trente ans à perfectionner sa technique nommée par lui technique du « non faire » : bon sens, pratiques durables éliminant toutes l’usage de pesticides, engrais, le labourage et peut-être le plus important, le gaspillage d’efforts.
Voici les stratégies utilisées qui ont rendu possible une augmentation substantielle de notre production potagère, tout en demandant moins de temps et moins de travail.
1. Utilisez la méthode du jardinage sans labourage ni bêchage
Le jardinage sans labour se compose d’une série de méthodes grâce auxquelles le sol n’est jamais perturbé, ce qui protège donc l’environnement complexe du sous-sol et bénéficie à la croissance des plantes. Des amendements comme le compost, le fumier, la tourbe, la chaux et les fertilisants organiques sont simplement ajoutés à la surface des parterres et avec le temps s’incorporent dans le sous-sol par l’arrosage et l’activité des organismes souterrains. Il n’y a aucun besoin de bêcher le sol.
Avec un jardinage sans labour, on élimine de manière importante le désherbage. L’utilisation de mulch (paillis) bloque l’apparition des mauvaises herbes et toute herbe qui sort est facile à enlever parce que le sol reste humide. Ce sol humide et meuble est également un parfait intermédiaire pour stimuler la croissance des jeunes plants et des repiquages. Ce processus reproduit le cycle de pousse des plantes dans la nature.
En basculant vers des méthodes sans labour, vous n’aurez pas à accomplir le travail pénible de labourage ou de bêchage dont souffrent tant de jardiniers chaque printemps. Il faudra vous assurer que les parterres restent bien paillés et prendre soin de ne jamais les piétiner. Pour en savoir plus sur cette méthode de jardinage, lisez notre article « Jardinage sans labour » [qui fera l’objet d’une prochaine traduction si demande].
2. Du mulch et encore du mulch
Une épaisse couche de mulch autour de vos plantes et sur toute la surface du parterre améliorera les conditions de pousse des plantes tout en réduisant le temps passé à désherber et à arroser.
Le mulch économise l’eau parce qu’il réduit la perte hydrique due à l’évaporation et empêche la surface du sol de se dessécher. Le besoin d’arrosage régulier est largement réduit. Le mulch bloque aussi la germination des mauvaises herbes et celles qui passent à travers sont facile à enlever car leurs racines se trouvent dans un sol humide et meuble. Le mulch est l’amendement primordial du jardin dans les régions où l’eau est rare.
Les jardiniers sont toujours à la recherche de sources gratuites de mulch biologique sain à ajouter à leur jardin. Les tontes de pelouse sont une source toute prête et la tonte fraîche est riche en azote. Si les plantes sont près de fructifier, laissez alors la tonte d’herbe sécher et jaunir avant de l’utiliser. Les feuilles d’automne, la paille (pas le foin), les algues et l’humus forestier peuvent servir de mulch. Il vaut mieux ne pas utiliser le paillis d’écorce, la toile géotextile ou les matériaux en plastique pour les parterres de légumes.
Regardez la liste des matériaux courants qu’on utilise comme mulch et leurs propriétés à l’usage.
Type de mulch | Propriétés |
---|---|
paille | La paille est idéale pour le mulching – elle est facile à étendre, reste en place et réfléchit la lumière, ce qui aide à la fructification de certains légumes. Prenez soin de vous assurer que c’est de la paille et non du foin. Le foin va introduire des graines dans vos parterres et donneront des herbes indésirables. |
Luzerne (alfalfa) | Le foin de luzerne est un bon matériau de paillage parce qu’on le fauche avant qu’il n’ait projeté ses graines. Utilisé comme mulch, l’alfalfa a un taux élevé d’azote et dure longtemps. |
Feuilles | Les feuilles sont excellentes comme mulch et elles contribuent aussi aux nutriments du sol quand elles se décomposent. Les feuilles ne sont cependant pas disponibles au printemps ; elles ne sont valables que pour un mulch hivernal. Pour empêcher les feuilles de s’envoler, les recouvrir de terre. |
Tontes d’herbe | Les tontes d’herbes sèches fonctionnent très bien en mulch. Les tontes d’herbe verte peuvent servir aussi et elles ajoutent de l’azote à la terre. On ne devrait pas les utiliser en fin d’été quand les plantes terminent leur maturation et n’ont plus besoin d’azote. |
Algues | Des algues fraîchement récoltées font un mulch idéal qui contribue aussi à enrichir le sol de minéraux. Les algues sont également dissuasives pour les limaces. On doit les répandre en couche épaisse parce qu’elles rétrécissent beaucoup en séchant. La quantité de sel apportée au sol est minime mais vous pouvez les rincer avant de les mettre si cela vous inquiète. |
Papier journal | Des feuilles de journaux peuvent servir pour le mulch, mais il faut les mouiller pour les alourdir ou les recouvrir de terre ou d’un autre type de mulch pour éviter qu’elles ne s’envolent. N’utilisez pas de papier glacé ou des journaux imprimés avec des encres de couleur. |
Feuilles de plastique noir | Largement utilisées comme mulch et couverture de sol pour supprimer le problème des mauvaises herbes. On doit les alourdir sur leur pourtour avec des pierres. Prenez un plastique assez épais. Ce mulch aide à retenir l’humidité dans le sol mais on ne peut arroser à travers. Certains jardiniers découpent des trous pour les plantes avec un espace pour arroser. Les feuilles de plastique noir peuvent avoir un effet négatif en cuisant le sol par l’augmentation de température créée. Pour minimiser cet impact, un mulch de couleur claire comme de la paille peut être épandue sur la feuille de plastique. |
Sciure ou copeaux | Une sciure fine ne convient pas comme mulch parce que l’eau forme des gouttes qui ruissellent. Une sciure grossière (ou du bois raméal fragmenté) fonctionne bien comme mulch, mais il faut éviter les copeaux faits avec une tronçonneuse, car ils contiennent des résidus d’huile de chaîne que vous ne souhaitez pas dans votre jardin bio. |
Écorces de résineux | Couramment utilisées pour les arbustes et dans le paysagisme, on ne devrait pas les utiliser dans les potagers parce qu’elles sont acides. Elles restent cependant excellentes pour recouvrir les allées entre les parterres ; étendre d’abord un géotextile sur les allées et recouvrez avec 5 cm d’écorces. |
Compost/fumier | Le compost et le fumier ne devraient pas servir de mulch pour les légumes parce qu’ils contiennent trop d’azote ; le fumier peut contenir des mauvaises herbes. Il vaut mieux les utiliser pour enrichir la terre quand vous créez de nouveaux parterres ou pour surfacer légèrement en début de saison. |
Une fois le mulch en place, pas besoin de le perturber. Des amendements comme la chaux, le compost ou les minéraux peuvent être ajoutés en surface. Quand on transplante ou qu’on sème, écarter simplement le mulch pour semer les graines puis le remettre en place quand les semences prennent racine.
Le mulch que vous aller épandre sur vos parterres va graduellement disparaître en se décomposant et en s’incorporant dans la terre. Il vous faudra en réappliquer régulièrement, le rythme dépend du type de mulch utilisé et de la saison. Quand le mulch diminue et disparaît, vous saurez que tout est parti élaborer un nouveau sol pour la prochaine culture.
3. Semez des engrais verts en rotation
En semant des engrais verts, comme du pois, de la vesce, du seigle ou du sarrasin [ou de la phacélie], entre les rotations de culture, nous n’avons pas besoin d’acheter et de transporter aussi souvent de lourds sacs de tourbe. Et nous achetons moins de sacs de fumier décomposé pour fertiliser. Les engrais verts sont faciles à semer et quand ils sont mûrs, il est aisé de les incorporer en vue de la culture de légumes à suivre.
L’utilisation d’engrais verts complémente la méthode de non labourage. Les engrais verts peuvent servir à améliorer l’aération, l’ameublissement et la fertilisation du sol sans le bêcher. On devrait les enfouir avant qu’ils ne donnent leurs graines, mais cela peut se faire avec une perturbation minime du sol. Nous les coupons à ras à l’aide de cisailles [on peut les tondre] et laissons la tonte en place ou nous les « étouffons » avec un épais mulch de style algues. Ce qui crée un « effet de lasagne » et nous permet de replanter le parterre sans déranger le sol. Ce qui économise aussi le travail de bêchage et de désherbage associés habituellement au jardinage.
Voici d’autres façons qu’ont les engrais verts d’économiser le travail manuel :
- Ils supplantent les herbes indésirables. La nature a horreur du vide et tout sol exposé sera bien vite couvert d’herbes. Les engrais verts rendent plus difficile l’installation de nouvelles herbes.
- Réduit le besoin de tourbe. Qui est longue à étendre. Nous avons besoin de cette tourbe pour aérer le sol, mais l’engrais vert joue le même rôle.
- Réduit le besoin de fertilisants. Les engrais verts sous forme de légumineuses (pois, vesce) vont fixer l’azote dans le sol, ce qui diminue donc la fertilisation nécessaire à la nouvelle culture. Si nous avons quand même besoin d’engrais, nous mettons des tourteaux de colza. L’intérêt des tourteaux de colza est qu’à la différence de l’engrais vert, leur poids est léger et les jardiniers n’ont pas à s’inquiéter des mauvaises herbes apportées au jardin.
4. Cultivez en parterres surélevés
Après quelques heures au jardin, mon dos devient de plus en plus douloureux et fatigué, me renvoyant à la maison boire un thé et pratiquer une autre activité. Et les années passant, la souplesse du dos et des genoux semble diminuer. Un jour j’ai remarqué que nos plus beaux parterres, ceux qui étaient très bien soignés et donnaient de bonnes récoltes, étaient les parterres les plus en hauteur. Il nous semblait à ma femme et moi que nous étions attirés par ces parterres parce qu’il était plus facile de s’en occuper que les parterres au niveau du sol.
Au fil des ans nous avons converti le jardin tout entier en parterres surélevés. Nous apprécions aujourd’hui de jardiner plus longtemps sans maux de dos ! Et le jardin est uniformément productif, car tous les parterres présentent le même confort à l’usage. Après avoir expérimenté diverses configurations, nous avons installé des parterres de 1,30 m de large, ce qui permet d’atteindre tout le parterre sans changer de côté. Notre jardin est sur un sol en pente, nous les avons donc construit avec une hauteur de 45 cm du côté haut et de 25 cm du côté bas. Nous travaillons surtout du côté élevé.
Les parterres surélevés nous ont aussi permis de contrôler les herbes dans les allées qui empiètent habituellement sur les parterres. Avec les montants comme barrières, il est facile de contrôler la pousse des herbes en étalant des cartons ou de l’écorce. Le jardin est mieux rangé maintenant et nous donne le sentiment que les choses ne poussent pas n’importe comment. Et nous économisons le temps de désherbage !
5. Utilisez des tuyaux perforés pour l’arrosage [goutte à goutte]
Pendant bien trop de saisons de jardinage, nous avons traîné un tuyau de parterre en parterre pour l’arrosage du jardin. Nous étions esclaves de la sécheresse, changeant souvent nos emplois du temps personnels pour arroser un parterre pour les plantes qui démarraient. Il fallait prendre soin de ne pas arroser les feuilles de certaines plantes, comme les tomates pour éviter la rouille, ce qui voulait dire que nous ne pouvions installer un arroseur et partir. L’arrosage était fait à la main du fait que les cultures différentes nécessitaient des besoins différents d’arrosage.
Aujourd’hui, nous ouvrons simplement le robinet et chaque parterre reçoit une arrivée d’eau régulière et lente directement sur la zone des racines. Les tuyaux perforés sont étendus sur les parterres et délivrent un goutte à goutte. Ce qui économise du temps et économise l’eau car rien ne se perd vaporisé par le vent et nos allées ne sont pas arrosées. C’est important parce que les herbes des allées vont sécher et demandent moins de désherbage. Moins de travail !
Les tuyaux perforés peuvent être installés sous un léger mulch, comme la paille et ne sont donc pas visibles. Nous avons aussi une minuterie électrique sur batterie qui met en route et stoppe l’arrosage après la durée choisie. Ce qui nous permet de ne pas être sur place, sans nous inquiéter de l’arrosage de nos lopins de légumes.
À notre grande surprise, nous avons eu des résultats plus consistants au jardin depuis que nous avons mis en route le système des tuyaux perforés et la minuterie. Les plantes sont plus grosses et la récolte est plus importante. L’arrivée lente et régulière d’eau permet aux racines de conserver un apport précis d’eau, adapté à leur capacité naturelle d’absorption. Notre technique manuelle d’arrosage, d’un autre côté, envoyait l’eau plus rapidement et en plus grande quantité, ce qui résultait en une perte d’eau considérable (qui arrosait aussi les herbes des allées) et les racines des plantes absorbaient en fait moins d’eau. Nous avons découvert que l’usage des tuyaux perforés nous a aidés à obtenir une meilleure production potagère avec moins de travail.
Ici en Amérique du nord, nous vivons avec la notion culturelle que travailler dur est une bonne chose. Je préfère penser que seuls les résultats sont une bonne chose. Si nous pouvons nous réjouir de meilleurs résultats avec moins de travail, davantage de gens seront encouragés à tenter le jardinage et ceux qui ont déjà des jardins l’apprécieront encore plus.
Source de l’article
Traduit par Hélios
J’aimerais bien savoir comment faire pour que je suis en vacances? ?
Système de gouttes à gouttes avec réservoir ou bien branché sur l’arrivée d’eau.