Le poisson est souvent salué pour ses vertus nutritionnelles : il est riche en oméga-3, en protéines complètes et en nutriments essentiels au bon fonctionnement du corps. Il est même considéré comme un allié majeur de la santé cardiaque. Pourtant, tous les poissons ne sont pas sans danger. Certains peuvent contenir des substances toxiques, provenir d’élevages douteux ou encore menacer la biodiversité marine. Il est donc essentiel de savoir lesquels éviter, pourquoi, et quelles alternatives privilégier.
Tilapia : un profil nutritionnel déséquilibré
Très consommé, notamment en Amérique du Nord, le tilapia est souvent perçu comme un choix sain. Pourtant, il affiche un déséquilibre flagrant entre les acides gras oméga-6 et oméga-3. Si ces deux graisses sont indispensables, un excès d’oméga-6 combiné à une carence en oméga-3 favorise les inflammations chroniques, l’hypertension et le développement de maladies cardiovasculaires. Le tilapia figure parmi les poissons ayant les pires ratios en ce domaine.
Par ailleurs, le tilapia importé est fréquemment épinglé par la FDA américaine pour ses niveaux inacceptables de résidus chimiques. Certains producteurs utilisent des substances cancérigènes pour lutter contre les parasites dans les fermes aquacoles, en dépit des interdictions dans de nombreux pays. De plus, les élevages intensifs recourent largement aux antibiotiques, ce qui alimente le phénomène préoccupant de résistance aux antibiotiques chez l’humain.
Maquereau roi : un concentré de mercure
Contrairement à ses cousins comme le maquereau de l’Atlantique ou le maquereau Atka, le maquereau roi (King Mackerel) est à éviter. Prédateur situé en haut de la chaîne alimentaire, il consomme d’autres poissons et accumule avec le temps d’importantes quantités de mercure. Ce métal lourd est associé à de nombreux troubles : atteintes neurologiques, dysfonctionnement rénal, retards de développement chez les enfants.
En plus du mercure, ces poissons stockent des toxines persistantes comme les PCB, qui peuvent rester actifs dans l’environnement pendant des décennies. Ces substances s’accumulent dans les tissus adipeux du poisson, puis dans le corps humain après ingestion.
Hoplostèthe orange : longévité toxique et menace pour les océans
Connu aussi sous le nom de orange roughy ou « slimehead », ce poisson peut vivre jusqu’à 150 ans, et atteint sa maturité sexuelle à partir de 30 ans. Cela signifie que la plupart des specimens disponibles dans le commerce ont déjà accumulé des dizaines d’années de toxines. Une étude de 2004 a révélé que des échantillons d’hoplostèthe orange, âgés de 1 à 139 ans, contenaient des niveaux élevés de mercure, arsenic, cadmium et plomb. Ces quatre métaux lourds, surnommés les « Big Four », provoquent des inflammations, des troubles cognitifs, une fatigue persistante, des épisodes dépressifs et endommagent les parois artérielles.
De manière surprenante, les mâles présentent des taux de contamination plus élevés que les femelles, probablement parce que ces dernières éliminent une partie des toxines en pondant leurs œufs. À cela s’ajoute un autre problème : l’hoplostèthe orange est une espèce surexploitée. Sa pêche intensive compromet la stabilité des écosystèmes marins et accélère la perte de biodiversité.
Espadon, requin, malacanthe bleu : attention au mercure
D’autres poissons affichent des niveaux de mercure préoccupants : l’espadon, le requin et le malacanthe bleu. Leur longue durée de vie et leur rôle de prédateurs favorisent une accumulation importante de toxines.
Depuis les années 1950, les scientifiques ont identifié un lien clair entre la consommation de poissons fortement contaminés et l’augmentation des maladies cardiovasculaires, des troubles du système immunitaire et des déséquilibres hormonaux. Le bassin méditerranéen présente un cas particulier : il contiendrait environ 50 % des ressources mondiales de mercure, ce qui se traduit par des niveaux de contamination élevés chez les poissons de cette zone. Selon la revue Environmental Research, les poissons méditerranéens sont bien plus chargés en mercure que leurs homologues atlantiques. Même les œufs des oiseaux marins méditerranéens présentent jusqu’à 4 fois plus de mercure.
Paradoxalement, la Sardaigne, située en Méditerranée, fait partie des rares « zones bleues » du monde, où les habitants vivent exceptionnellement longtemps. Ce paradoxe s’explique par le type de poisson consommé localement : des espèces petites et jeunes comme les sardines, les anchois et le cabillaud, qui se trouvent plus bas dans la chaîne alimentaire et donc moins exposées à la contamination.
Anguille : polluée et en voie d’extinction
Considérée comme un mets raffiné dans de nombreuses cuisines, notamment japonaise, l’anguille pose de nombreux problèmes. Si sa chair devient comestible une fois cuite, son environnement naturel la rend extrêmement contaminée.
Une étude publiée dans la revue Chemosphere a révélé la présence de colorants issus de l’industrie textile dans les tissus musculaires d’anguilles prélevées sur 91 sites en Belgique. Les résultats ont montré que 77 % des anguilles étaient contaminées par ces substances toxiques.
À Taïwan, certaines anguilles ont montré des niveaux élevés de cadmium, un métal lourd issu de l’électrodéposition. Ce contaminant est associé à l’ostéomalacie (ramollissement des os) et à des atteintes rénales. Des recherches ont aussi mis en évidence la présence de retardateurs de flamme et de plastifiants.
Enfin, la durabilité est un problème majeur. Plusieurs espèces d’anguille sont en danger d’extinction, notamment l’anguille européenne. Les tentatives de reproduction artificielle ont échoué, et la pression exercée par la demande croissante, notamment pour les sushis, continue d’épuiser les populations.
Des poissons bons pour la santé et plus sûrs
Pour profiter des bienfaits du poisson tout en évitant les risques, privilégiez des espèces jeunes, petites et riches en nutriments. Parmi les meilleures options figurent le saumon, les sardines, les anchois, le cabillaud, la truite et certains types de thon.
Ces poissons sont riches en oméga-3, en protéines, en magnésium, potassium et vitamine B12. Ils ont également des niveaux de mercure plus faibles, sauf pour certaines espèces de thon. Pour limiter les risques, choisissez des thons jeunes comme le thon listao (skipjack), souvent utilisé dans les conserves.
Poisson sauvage ou d’élevage : faites le bon choix
Le poisson sauvage vit dans un environnement naturel, contrairement au poisson d’élevage, élevé dans des cages ou des bassins artificiels. Cette différence impacte grandement leur qualité nutritionnelle.
Par exemple, le saumon sauvage contient davantage d’oméga-3 et moins d’oméga-6 que le saumon d’élevage, ce qui réduit les risques d’inflammation. Il est aussi moins exposé aux antibiotiques et pesticides.
Pour reconnaître un saumon sauvage, fiez-vous à sa couleur rouge-orange intense et à sa queue large, résultat d’une vie passée à nager à contre-courant. En revanche, un saumon d’élevage aura une queue plus petite, signe d’une activité physique limitée.
Si vous achetez des filets de poisson blanc, vérifiez qu’ils présentent une chair ferme et translucide. Enfin, gardez à l’esprit qu’un poisson jeune, comme une sardine ou un cabillaud, a eu moins de temps pour accumuler les toxines, contrairement à un hoplostèthe orange centenaire.
Source : Heart Disease Code