80% de cerveaux dénutris : comment bien nourrir son cerveau ?

Dans un contexte où les liens entre alimentation et santé mentale sont de plus en plus étudiés, Guillaume Fond, médecin psychiatre, dévoile dans sa vidéo du 13 octobre les avancées majeures de la psychonutrition. À travers ses recherches et les découvertes récentes, il nous invite à repenser l’alimentation comme un levier potentiel pour améliorer notre bien-être mental et prévenir des troubles psychiatriques. Ce document explore en détail les concepts de l’axe intestin-cerveau, l’impact des nutriments comme les oméga-3, et la voie vers une meilleure diffusion des connaissances en psychonutrition.

Révolution scientifique en santé mentale

En 2023, une tribune publiée par de jeunes psychiatres dans le journal Le Monde déplorait l’absence d’avancées significatives en psychiatrie depuis 20 ans. Cette affirmation, que Guillaume Fond juge sévère, l’a incité à présenter les évolutions récentes de la psychonutrition. Au cœur de cette discipline : l’idée que l’alimentation influence directement notre santé mentale.

Le microbiote : une clé pour comprendre les maladies mentales

L’importance du microbiote intestinal, souvent appelé « deuxième cerveau », a suscité un grand intérêt dans le monde médical. L’intestin, qui renferme environ 1 à 1,5 kg de bactéries, joue un rôle fondamental non seulement dans la digestion, mais aussi dans l’équilibre mental. Des expériences démontrent qu’en transférant le microbiote de personnes dépressives ou obèses à des rats, ces derniers manifestent les mêmes symptômes de dépression ou d’obésité. Cela suggère que certaines maladies chroniques peuvent être influencées par la composition bactérienne de l’intestin.

Bien que le microbiote ne soit pas la seule cause des troubles mentaux, son impact sur la santé mentale est évident. Les bactéries intestinales produisent des neurotransmetteurs comme la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline, qui influencent directement des fonctions telles que l’humeur, la mémoire et l’énergie. Une mauvaise santé intestinale peut entraîner une perméabilité accrue de l’intestin, surtout en période de stress, augmentant ainsi les risques inflammatoires et impactant la santé mentale.

Le rôle de l’alimentation dans la prévention des dépressions

L’alimentation occidentale moderne, riche en produits ultra-transformés, est associée à un risque accru de dépression. Ces aliments contiennent souvent des additifs, des sucres cachés, et des graisses saturées, augmentant le risque de dépression d’environ un tiers. On estime que 400 000 à 2,6 millions de cas de dépression pourraient être liés à une alimentation inflammatoire en France.

À l’inverse, le régime méditerranéen, riche en fruits, légumes, légumineuses, et en huiles végétales comme l’huile d’olive, réduit le risque de dépression d’un tiers. Plus précisément, la consommation de légumes diminue ce risque de 9 % et celle de fruits de 15 %. Ces données sont issues d’études longitudinales qui établissent un lien de causalité entre l’alimentation et le risque de dépression, indépendamment de la baisse de motivation culinaire que peut causer un état dépressif.

La dénutrition en oméga-3 et vitamine D : des nutriments essentiels pour le cerveau

Aujourd’hui, 80 % de la population mondiale présente une dénutrition en oméga-3, notamment en DHA, un composant vital des membranes neuronales. L’apport en DHA est principalement obtenu à travers les poissons gras, mais les stocks de poissons sauvages stagnent depuis les années 80. Les poissons d’élevage, nourris avec des farines de moindre qualité, contiennent moins de DHA, rendant difficile l’apport suffisant de cet oméga-3 essentiel.

En parallèle, la carence en vitamine D est répandue. En France, 95 % des hommes et femmes consomment des quantités de vitamine D largement inférieures aux recommandations. Or, la vitamine D joue un rôle clé dans le bien-être mental, surtout pendant les périodes hivernales où l’exposition au soleil est réduite.

Vers une prescription de nutriments en santé mentale

En 2022, des experts internationaux en psychiatrie biologique ont publié des recommandations pour l’utilisation de nutriments spécifiques dans le traitement des troubles mentaux. Les oméga-3, et plus particulièrement l’EPA, montrent des effets bénéfiques en complément des antidépresseurs, surtout pour les personnes présentant une inflammation chronique ou de l’obésité. Les probiotiques sont également reconnus pour leur effet sur l’anxiété et la dépression, tandis que le méthylfolate, une forme active de la vitamine B9, se révèle efficace dans le traitement de la dépression, contrairement à l’acide folique ordinaire.

D’autres nutriments comme la vitamine D, le zinc et la créatine apportent des améliorations spécifiques, notamment dans les dépressions associées à des troubles du sommeil ou de la fatigue. Pour la schizophrénie, les oméga-3 et le méthylfolate sont recommandés en co-prescription, car ils atténuent les symptômes anxio-dépressifs sans impacter les hallucinations ou les symptômes négatifs. Pour le TDAH chez les enfants, la supplémentation en vitamine D et en zinc semble prometteuse, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires.

Les défis de la psychonutrition : accessibilité et diffusion des connaissances

La psychonutrition présente de nombreux défis. La multiplicité des compléments alimentaires sur le marché complique leur utilisation pour les patients, qui peuvent avoir à prendre plusieurs comprimés chaque jour. Guillaume Fond souligne l’importance de créer des solutions combinées et adaptées aux besoins de chacun, comme avec sa start-up Origine Care, qui propose des produits formulés pour la santé mentale.

En outre, le remboursement des compléments alimentaires en santé mentale reste inexistant malgré leur efficacité prouvée. Le problème de traçabilité des nutriments, notamment pour les oméga-3, est également crucial. Les huiles d’algues semblent être une alternative plus durable et plus sûre que les huiles de poisson, souvent contaminées par des métaux lourds.

Une mission de diffusion des savoirs

Face aux avancées rapides en psychonutrition, Guillaume Fond insiste sur l’importance de la diffusion des connaissances scientifiques. Il rappelle que les recherches sont constamment mises à jour avec de nouvelles études et des méta-analyses. La formation du grand public et des professionnels de santé est essentielle pour améliorer la santé mentale de la population. À cette fin, Origine Care propose de l’information accessible et gratuite pour permettre aux individus d’adopter des habitudes alimentaires bénéfiques.

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Pour en savoir plus, Guillaume Fond recommande son livre Bien manger pour ne plus déprimer, ainsi que divers supports pédagogiques disponibles sur son site internet et ses réseaux sociaux (Youtube, Instagram, Linkedin). Par une meilleure compréhension de la psychonutrition, chacun peut contribuer activement à sa propre santé mentale.

Cet article est basé sur les informations présentées par Guillaume Fond dans sa vidéo du 13 octobre :

Source : Dr Guillaume Fond