Tout vient à point à qui sait attendre. Si certains trépignaient depuis plusieurs semaines, les bordelais peuvent maintenant facilement faire leurs courses de produits bio, locaux et sans déchet. Installée au 38 rue Sainte-Colombe, l’épicerie sans emballages jetables La Recharge a ouvert ses portes le 8 juillet 2014. Reportage dans un lieu encore unique en France.
Le plein de bon sens
Jules Rivet et Guillaume de Sanderval sont sérieux et attentionnés. Un peu débordés aussi, alors que leur concept d’épicerie emballe plus qu’ils ne l’espéraient !
En ce quatrième jour d’ouverture, les clients ne cessent de défiler dans les 80 mètres carrés de la boutique : nombre d’entre eux ont vu l’info à la TV. Charmés par l’idée, ils viennent par curiosité, ou reviennent équipés de bocaux et de sachets pour acheter quelques produits au poids et au détail.
« C’est formidable« , lance une vieille dame à qui Jules explique qu’elle peut venir avec ses pots, « je vais être votre cliente« . Marie-Françoise, elle, est ravie de trouver ainsi une épicerie de quartier qui ne soit pas une épicerie de luxe: sensible aux produits français, le fait d’y trouver des produits locaux de qualité et bon marché lui plaît.
Pour Justine, 24 ans, il s’agit là d’un lieu rêvé : « j’ai toujours tout mis dans des bocaux, c’est plus hygiénique et facile à ranger. De ce que j’ai vu ici, les produits sont moins chers que leurs équivalents emballés des magasins bio donc c’est parfait ! »
Audrey et Sonia, toutes deux dans le secteur de l’assurance, sont heureuses « d’éviter caisses, néons et cartes de fidélité« : « on a tout à gagner dans ce genre de démarche, pour avoir quelque chose de meilleur et de plus abouti« .
Les pieds sur terre
A 23 et 24 ans, Jules et Guillaume se sont lancés dans cette aventure une fois leurs études terminées. Spécialisé en gestion et finance pour l’un, et en droit des politiques de l’énergie pour l’autre, rien ne les prédestinait à devenir épiciers. Mais l’idée leur trotte en tête depuis trop longtemps, et ils se lancent en septembre 2013.
Inspirés par quelques initiatives similaires à l’étranger (à Londres, à Barcelone, mais aussi aux Etat-Unis, et bientôt en Allemagne ou Italie), ils mettent neuf mois pour affiner leur offre, se former avec des artisans et des réseaux comme Slow Food, trouver des producteurs, convaincre les banques, trouver un local et mettre concrètement sur pied leur projet.
Comme l’explique Jules Rivet dans la pastille sonore suivante, le plus dur est de gérer la multitude d’interlocuteurs impliqués dans leur chaîne d’approvisionnement (une bonne quarantaine de producteurs déjà). Car qui dit sans emballage dit travail en circuits-courts et en direct :
Sur place, comme le montre la galerie photos suivante, on trouve donc des fruits, des légumes, diverses farines, huiles, choix de vins, bières, fromages, céréales, pâtes, mais aussi produits d’entretien, d’hygiène, ainsi que des confiseries (chocolats, bonbons), des produits laitiers (sauf le lait pour l’instant), du café (mais pas encore de thé, peut être des tisanes), des épices et de temps en temps de la viande. Chaque étiquette indique la provenance du produit, et ce qui en fait la qualité.
L’offre et le service sont encore en cours de rodage cet été, mais les deux entrepreneurs arrivent déjà bien à dompter la balance de compétition achetée via leur campagne de crowdfunding. D’autres produits seront bientôt disponibles et des moments de dégustation régulièrement proposés aux clients. Si vous venez sans bocaux il vous sera possible d’en acheter sur place à prix très raisonnables. Le plus dur étant de ne pas se faire avoir par les chocolats en vrac…!
Alors, tentés par l’idée de faire vos courses sans packaging inutile ?
Anne-Sophie Novel / @SoAnn sur twitter