Dans l’imaginaire collectif, l’alcool reste associé à des mots et des sensations positives alors que l’alcoolisme à des mots et des situations négatives. Et pourtant l’un se nourrit de l’autre.
L’alcool, une drogue dure
Culturellement intégré à notre mode de vie et totalement légale, l‘alcool est pourtant classé en drogue dure par les experts en toxicologie et addictions.
S’il est très difficile de placer des curseurs dans la dépendance, et que chacun d’entre nous est inégal devant ce problème, il peut être intéressant de se poser quelques questions avant de passer « de l’autre coté ».
L’OMS recommande, pour une consommation d’alcool sans dommages ni physiques ni psychiques, de ne pas dépasser plus deux verres par jour pour une femme. Pas plus de trois pour un homme (les femmes sont plus sensibles à l’alcool que les hommes) avec au moins un jour sans alcool par semaine. On évite également de consommer plus de quatre verres en une seule occasion. En n’oubliant pas qu’il y a la même quantité d’alcool dans un demi de bière, une coupe de champagne, un verre de vin ou de vodka…
L’alcool, une perte de liberté
D’après le docteur Béatrice Lapierre, médecin au CCAA (Centre de cure ambulatoire en alcoologie) du Creuzot depuis 20 ans, la définition la plus simple et la plus parlante de l’alcoolisme est la suivante « est alcoolique celui ou celle qui a perdu la liberté de s’abstenir de l’alcool ». Est alcoolique celui qui a besoin de l’alcool pour accomplir des tâches particulières ou supporter des moments spécifiques (aussi ordinaire que de parler dans une fête, se relaxer, appréhender un moment nouveau ou difficile).
Il est d’ailleurs fortement recommandé de e jamais utiliser l’alcool comme un psychotrope ou comme un remède ou une béquille car, l’alcool est « l’antidépresseur qui déprime le plus ».
De l’alcool à l’alcoolisme : où est la limite ?
La dépendance à l’alcool se crée en deux temps. La première étape est d’ordre psychologique, ce pourquoi il faut s’interroger sur le rôle que joue l’alcool dans votre vie. Et toujours se méfier des excuses que l’on se donne pour justifier sa consommation d’alcool… Aucune n’est bonne. De « je ne bois pas trop car je ne bois que le week end« , ou « je ne bois pas trop car je ne bois que du bon vin« , ou » je ne bois pas trop car je ne suis jamais ivre », ou « je ne bois pas car je bois juste un verre pour me détendre en sortant du boulot« …L’alcool est un produit qu’il faut apprendre à maîtriser et à ne jamais boire ni tous les jours ni de manière excessives. Et comme, le rappelle Docteur Béatrice Lapierre, « Les cibles les plus évidentes sont les personnes qui « tiennent » bien l’alcool, ceux qui tolèrent parfaitement le produit, ceux qui atteignent très rarement l’ivresse ».
L’alcool, un problème de santé publique
Tant qu’on ne souffre pas à cause de l’alcool, on refuse de prendre conscience de sa surconsommation. La frontière entre buveurs excessifs, mésugagers, et alcooliques est très trouble. Si la dépendance physique n’est pas repérable immédiatement, la dépendance psychologique reste plus sournoise et il n’est pas besoin de boire de l’alcool toute la journée pour être sur la pente de l’alcoolisme . Le processus de dépendance se construit dans la durée et est irréversible. Aucun retour en arrière n’est possible. Seuls le sevrage et l’abstinence pourront aider la personne alcoolique.
L’alcool reste en France un problème de santé publique qui tue 45000 personnes par an. Les risques à court termes sont d’ordre sociaux et psychiques (perte du permis, accidents de voitures, violence, dépression et ceux à long terme, sont d’ordre pathologique, avec la dépendance physique au produit, les troubles sérieux du comportement (dépression, suicide, insomnie) les cirrhoses, les cancers de la bouche, gorge, œsophage intestin et foie, les maladies cardio-vasculaires et l’hypertension artérielle.
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