Le rapport de la Cour des comptes relève de « manquements graves aux conditions d’hygiène ». © JEAN-PIERRE MULLER / AFP
Le rapport – synthétisé – de la Cour des comptes sur la sécurité alimentaire, dévoilé en février dernier, avait déjà fait grand bruit. D’autres remous sont à attendre avec les révélations du quotidien Le Télégramme, qui a consulté le « rapport original, resté confidentiel » – de 179 pages.
Ce dernier consacre tout un passage aux produits premiers prix vendus dans les supermarchés. Et ce que les enquêteurs de la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (la BNEVP, rattachée au ministère de l’Agriculture) ont découvert fait froid dans le dos.
Entre autres, décrit le quotidien régional, des « excréments de souris dans des étuves à chorizo », des « moisissures », « des viandes gris-verdâtre impropres à la consommation humaine dans des charcuteries », du « fromage ramassé à la raclette sur le sol pour en faire du fromage fondu » ou encore des « souris vivantes ou mortes ».
Le rapport met également en lumière la multiplication d’une pratique peu ragoûtante, celle des viandes séparées mécaniquement (VSM), qui entrent dans la composition de certains produits premiers prix. « La VSM, surtout destinée, il y a quelques années encore, à la composition d’aliments pour animaux, est un produit obtenu par l’enlèvement, à l’aide de moyens mécaniques, de la viande des os de carcasses et pouvant donc contenir des résidus d’os, de cartilage ou de moelle. » Bon appétit.
D’après la Cour des comptes, « ces produits ne correspondent aucunement à l’idée que peut s’en faire le consommateur, même averti, posant la question de leur bonne information. (…) Le consommateur ne réalise pas que la VSM (…) [n’est] en fait pas de la viande au sens de la réglementation européenne même si, du point de vue sanitaire, les produits issus de ces transformations, notamment ceux ayant reçu un traitement thermique, sont sûrs ».
Ailleurs, en revanche, des risques sanitaires sont à prendre au sérieux selon le rapport, qui pointe des « failles de traçabilité », des « manquements graves aux conditions d’hygiène » ainsi que des « résultats d’analyse connus une fois que les produits ont été expédiés et très souvent consommés ». La Cour des comptes va plus loin : si « l’offre des produits premiers prix peut paraître attractive, leur consommation systématique, par une population croissante, pourrait avoir, à terme, des répercussions sur la santé publique ».
Les Français sont d’ailleurs de plus en plus préoccupés par leur alimentation. Une étude de l’Agence Bio révèle ainsi que près de la moitié d’entre eux (49 %) consomment des produits bio au moins une fois par mois. Leurs ventes auraient bondi de 9 % entre 2012 et 2013, période où se sont succédé les scandales alimentaires.
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