Dans un précédent article l’auteur évoque « l’épine invisible » de tous les produits à base de blé – le pain de blé germé et l’herbe de blé inclus – qu’on appelle la lectine de blé (nom technique : agglutinine de germe de blé ou AGB). Cette substance intrinsèquement inflammatoire, perturbatrice du système endocrinien, a été examinée à fond (MEDLINE) et identifiée comme ayant un large éventail d’effets potentiellement perturbateurs :
1) L’AGB pourrait être pro-inflammatoire
2) L’AGB pourrait être immunotoxique
3) L’AGB pourrait être neurotoxique
4) L’AGB pourrait être cytotoxique
5) L’AGB pourrait interférer avec l’expression des gènes
6) L’AGB pourrait perturber la fonction endocrine
7) L’AGB pourrait être cardiotoxique
8) L’AGB pourrait avoir un effet négatif sur la fonction gastro-intestinale
9) L’AGB présente des similitudes avec certains virus
(Ces 9 problèmes sont expliqués de façon beaucoup plus détaillée ici.)
Bien qu’il est clair que la lectine de blé est nocive, il faut souligner que le type de nocivité est plus difficile à diagnostiquer que pour la maladie cœliaque et les allergies au blé/gluten telles que définies habituellement. On ne peut pas le confirmer par une recherche d’anticorps, un test d’allergie ou une biopsie intestinale.
Cette « invisibilité » aux diagnostics explique pourquoi la consommation de lectines est rarement inculpée pour les maux qui affligent ceux qui les consomment. Bien que les lectines ne soient pas la seule cause ou la cause première d’un large éventail de troubles, elles jouent un rôle important dans le maintien et le renforcement des blessures et des maladies qui se sont déclenchées et/ou établies dans le corps. Pourquoi ? La lectine de blé (AGB) perturbe, interagit et se lie à la N-acétylglucosamine, un élément de base qu’on trouve dans tous les tissus neuronaux, conjonctifs et épithéliaux. Une fois que l’AGB parvient à traverser, par exemple, une muqueuse déficiente et/ou la paroi intestinale, elle peut avoir des effets systémiques que l’on néglige souvent.
Pourquoi les plantes comme le blé produisent des lectines ?
La nature conçoit pour toutes les espèces un ensemble de défenses contre les prédateurs, bien qu’elles ne soient pas toutes aussi visibles que les épines d’une rose ou les cornes d’un rhinocéros. Les plantes n’ont pas l’immunité à médiation cellulaire des formes de vie supérieures, comme les fourmis, et n’ont pas les systèmes immunitaires secondaires utilisant des anticorps, comme pour les vertébrés à mâchoires. Elles ont besoin d’une immunité innée beaucoup plus simple. C’est pour cette raison que les graines de la famille des graminées, telles que le riz, le blé, l’épeautre, ou le seigle, ont des niveaux exceptionnellement élevés de glycoprotéines défensives nommées lectines.
La lectine de blé est une solution ingénieuse de la nature pour protéger le plant de blé de tous ses ennemis naturels. Les champignons ont des parois cellulaires constituées d’un polymère de N-acétylglucosamine. Les parois cellulaires des bactéries sont fabriquées à partir d’une structure en couches appelée peptidoglycane, un biopolymère de N-acétylglucosamine. La N-acétylglucosamine est l’unité de base du biopolymère chitine, qui constitue le revêtement extérieur des insectes et des crustacés (crevettes, crabes, etc). Tous les animaux, y compris les vers, les poissons, les oiseaux et les humains, utilisent la N-acétylglucosamine comme constituant de base dans la construction des différents tissus du corps, y compris les os. La production du cartilage, des tendons et des articulations dépend de l’intégrité structurale de la N-acétylglucosamine. Les muqueuses connues sous le nom de glycocalyx, littéralement « couche de sucre », sont sécrétées chez les humains par des cellules épithéliales qui tapissent les muqueuses, dans les cavités nasales, dans les parties inférieures et supérieures du tube digestif, et dans les parois protectrices et glissantes des vaisseaux sanguins. Le glycocalyx est constitué en grande partie de N-acétylglucosamine et d’acide N-acétylneuraminique (également connu sous le nom d’acide sialique), avec l’extrémité glucidique de l’acide N-acétylneuraminique de cette glycoprotéine de protection qui forme le sucre terminal exposé aux contenus de l’intestin et de la lumière artérielle (l’ouverture). La spécificité unique de liaison de l’AGB à ces deux glucoprotéines en particulier n’est pas un hasard. La nature a parfaitement conçu l’AGB pour perturber, s’attacher et pénétrer dans ces surfaces de muqueuses.
[Source : Ouvrir la Boîte de Pandore : le rôle critique de la lectine de blé dans les maladies humaines (en anglais), by Sayer Ji]
L’omniprésence des lectines fixant la chitine dans le régime alimentaire occidental
Bien que supprimer le blé soit une très bonne étape, évidemment nécessaire pour améliorer la santé, elle pourrait ne pas suffire, surtout chez ceux qui ont de graves problèmes de santé. Il y a d’autres lectines dans l’alimentation occidentale qui ont des propriétés similaires à la lectine de blé (AGB), à savoir les « lectines fixant la chitine. » Souvenez-vous, les « chitines » sont de longs polymères de N-acétylglucosamine, la principale cible de liaison pour la lectine de blé. La lectine de blé et la « lectine fixant la chitine » sont donc fonctionnellement identiques. Les aliments contenant de la lectine fixant la chitine sont :
1) Les pommes de terre (voir le résumé)
2) Les tomates (voir le résumé)
3) L’orge (voir le résumé)
4) Le seigle (voir le résumé)
5) Le riz (voir le résumé)
Oui, vous avez bien lu : la pomme de terre et le riz, deux des ingrédients les plus couramment utilisés dans les produits « sans blé et sans gluten », figurent sur la liste des aliments qui contiennent une lectine structurellement et fonctionnellement similaire à la lectine de blé.
Alors que, de manière anecdotique, le lien entre les « solanacées » et l’inflammation est connu depuis un certain temps, le riz est rarement considéré comme problématique et est devenu la tête d’affiche de l’industrie du « sans blé/gluten », qui s’en sert souvent comme substitut aux aliments contenant du gluten.
La découverte de la présence répandue des lectines fixant la chitine dans les graminées céréalières explique pourquoi un régime alimentaire sans céréales donne de meilleurs résultats de santé qu’un régime qui n’élimine que le blé et les céréales contenant du gluten.
Pourquoi ces lectines expliquent notre dépendance aux AINS et à la glucosamine
Comme de nombreux tissus chez les humains sont constitués de N-acétylglucosame (une substance proche de la chitine) la consommation d’aliments en apparence anodins comme ceux mentionnés ci-dessus pourrait se traduire par un large éventail d’effets indésirables (voir les recherches sur l’AGB). Le fait que tant d’américains consomment au moins deux ou trois des aliments ci-dessus tous les jours (en plus du blé) peut expliquer en partie pourquoi les maladies dégénératives des articulations (comme l’arthrose) sont la règle et non l’exception dans les sociétés occidentales. Voici plus de détails :
« La popularité du complément alimentaire glucosamine permet de mesurer à quel point les effets néfastes de ces aliments sont répandus dans les populations occidentales. Aux Etats-Unis, l’équivalent d’un quart de milliard de dollars de glucosamine se vend tous les ans. La principale source de glucosamine sur le marché vient de l’exosquelette des crustacés, riche en N-acétylglucosamine, comme les crevettes et les crabes. La glucosamine est utilisée pour réduire la douleur et l’inflammation. Nous n’avons pas de déficience alimentaire en coquilles pulvérisées de créatures marines mortes, et pareillement, notre utilisation des AINS n’est pas due à une déficience en ces produits chimiques synthétiques dans notre alimentation. Quand nous consommons de la glucosamine sous forme de compléments alimentaires, les lectines fixant la chitine présentes dans notre alimentation, au lieu de se fixer sur nos tissus, se lient à la chitine pulvérisée dans les suppléments de glucosamine, ce qui protège de leur impact total. Les millions d’américains qui ont vu leur douleur et souffrance réduite en ingérant de la glucosamine et des AINS pourraient obtenir de meilleurs résultats en supprimant de leur alimentation les aliments contenant de la lectine fixant la chitine (la cause sous-jacente de leur trouble). Cela soulagerait encore plus la douleur et l’inflammation et les rendrait beaucoup moins dépendants de compléments et médicaments palliatifs. »
Le lien entre les lectines fixant la chitine et la dépendance aux AINS et à la glucosamine a été expliqué, mais n’est que la partie émergée de l’iceberg des « lectines ». Je crois qu’une enquête approfondie sur la lectine de blé et les lectines fixant la chitine révélera que ces « épines invisibles » sont un facteur dominant de morbidité et de mortalité dans les sociétés occidentalisées.
Plus d’informations
Partie 1 : La face sombre du blé : Nouvelles perspectives sur la cœliaquie et l’intolérance au blé
Partie 2 : Opening Pandora’s Bread Box: The Critical Role of Wheat Lectin in Human Disease.
Base de donnée toxicologique de GreenMedInfo.com : 119 Disease Linked to Wheat Consumption
Centre éducatif sur le blé et le gluten sur Facebook
Sources:
https://tv.greenmedinfo.com/the-hidden-dangers-of-lectins/
http://newsoftomorrow.org/…lectines-fixant-la-chitine-dans-les-maladies-humaines