Le 23 mai 2015, des citoyens du monde entier, dans une cinquantaine de pays et une vingtaine de villes françaises, marcheront contre Monsanto, et contre les « multinationales des OGM et des pesticides ». Ils se mobiliseront également pour une agriculture respectueuse de l’environnement, de la santé des travailleurs et des consommateurs, des générations futures. Leur demande : stopper l’offensive des OGM en Europe et arrêter l’empoisonnement par les pesticides. Avec un slogan : « Aux graines citoyens ! ». Voici l’appel lancé par le Collectif citoyen les Engraineurs et Combat Monsanto.
Lancé en 2013 par la mouvance Occupy, la Marche mondiale contre Monsanto se réclame d’une dynamique citoyenne, autogérée par les groupes qui s’en emparent localement, dans un esprit de convergence de tous ceux qui veulent agir, au travers d’événements ouverts sans étiquettes de partis ou d’organisations.
L’appel français pour la marche du 23 mai, qui réunira plus de 25 villes en France métropolitaine et dans les DOM, a été lancé par le collectif citoyen les Engraineurs et l’association Combat Monsanto. Ces rassemblements sont aussi l’occasion de mettre en lumière les alternatives dans les domaines de l‘agriculture et de l’alimentation, et d’affirmer l’opposition grandissante au projet de Grand marché transatlantique (TAFTA).
C’est suite au succès en mai 2013, de la première marche contre Monsanto, également autogérée, qu’une poignée de citoyens ont décidé de se constituer en collectif informel, indépendant et horizontal, fonctionnant sans argent et uniquement grâce à la participation active de ses membres. Ils se sont appelés les Engraineurs, se définissant comme des « citoyens informés et responsables qui participent à l’éveil des consciences citoyennes et écologiques, en partageant leur savoir et leur créativité, afin que tous se réapproprient les biens communs, contre les intérêts privés d’une minorité ». Les semences, comme les savoir-faire, toutes les ressources naturelles ou encore le climat, font partie de ce précieux héritage commun que nous défendons.
En dépit de l’opposition de l’opinion, la nouvelle Commission européenne est déterminée à ouvrir les vannes aux OGM : en janvier 2015, l’Union européenne modifiait son règlement pour permettre la renationalisation des autorisations de mise en culture d’OGM afin de contourner l’opposition de 19 États réfractaires. Le 22 avril, la Commission modifiait son règlement sur les autorisations de consommation, humaine et animale. Deux jours plus tard, le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker annonçait l’autorisation à la vente et à la consommation de 19 nouveaux OGM, dont 11 de Monsanto. L’offensive se porte aussi sur le brevetage du vivant avec la décision, le 25 mars par la chambre des recours de l’Office européen des brevets, d’autoriser la privatisation de semences naturelles, comme le brocoli et la tomate, par des firmes semencières.
Le lobby des biotechnologies n’a jamais renoncé à imposer ses produits aux Européens, poursuivant sa stratégie malgré le refus des consommateurs et d’une majorité d’agriculteurs, malgré les avertissements de lanceurs d’alerte et les nombreuses luttes menées depuis les premiers fauchages en 1999. Une fois encore, faisons barrage et obligeons le gouvernement français à prendre des mesures pour interdire les OGM sur son territoire. Aux graines citoyens !
Assez d’empoisonnement ! En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé classait le Roundup de Monsanto, l’herbicide le plus vendu au monde et indissociable de la culture des OGM, comme « probablement cancérogène ». Nous exigeons la prise en compte des études indépendantes sur les conséquences toxiques des OGM, pesticides et hormones de croissance, sur notre santé et sur l’environnement, ainsi que l’attribution de budgets publics permettant l’indépendance totale de la recherche sur ces sujets. Nous réclamons le retrait immédiat des produits toxiques abusivement présents sur le marché, pour agriculteurs ou jardiniers, et plus particulièrement le Roundup et les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles.
OGM et Tafta, même combat ! Nous affirmerons notre opposition au projet de Grand marché transatlantique (TAFTA ou TTIP), cheval de Troie des multinationales de l’agrobusiness pour imposer les OGM et réduire toujours davantage les normes sanitaires destinées à protéger la santé des consommateurs. Demain, avec le TAFTA, des entreprises comme Monsanto pourraient attaquer les moratoires des États opposés à la culture des OGM devant des tribunaux d’arbitrage privés, et réclamer des indemnités de plusieurs millions puisées dans les deniers publics.
Réapproprions-nous les biens communs, contre les intérêts privés d’une minorité !
Nous exigeons la cessation immédiate des brevets sur les semences et le vivant, régulièrement entachés de biopiraterie, et la liberté d’usage des semences de ferme, ainsi que leur échange entre jardiniers amateurs, car il est inacceptable que des entreprises privées aient la mainmise sur une diversité génétique qui appartient à toute l’humanité, qui est le fruit d’un savoir-faire millénaire, et qui constitue la source de toute alimentation humaine. Il est inadmissible que dans de nombreux pays, particulièrement du Sud, les « lois semencières » dictées par les multinationales menacent la souveraineté alimentaire et criminalisent, comme de vulgaires voleurs, les paysans et paysannes qui produisent et échangent des semences traditionnelles.
Une alimentation saine pour tous ! Nous dénonçons la dérive des fermes-usines où des animaux sont parqués dans des cages pour être gavés d’OGM, sans qu’aucun étiquetage sur la viande n’éclaire le choix du consommateur. Le 23 mai nous manifesterons notre volonté d’une agriculture écologique, relocalisée, respectueuse des travailleurs agricoles comme des écosystèmes, et d’une alimentation capable de garantir notre santé et celle de nos enfants. L’agriculture biologique, sans OGM ni pesticides toxiques, respectant les équilibres climatiques, ne doit pas devenir une niche commerciale réservée à un public averti ou privilégié, mais bien la solution pour offrir une alimentation saine pour TOUS. Une première étape serait le passage de toutes les cantines scolaires et restaurants collectifs à des menus « 100 % bio » afin de soutenir les transitions d’agriculteurs désireux de faire évoluer leurs pratiques.
Plus de 25 villes de France, ainsi que l’île de la Réunion, participeront à la marche contre Monsanto. La liste des actions prévues peut être consultée sur le site Combat-monsanto. En Bretagne, les organisateurs se sont associés à la marche de Ouagadougou, au Burkina Faso, où la société civile burkinabé résiste à l’implantation des OGM. À Paris, rendez-vous est fixé place Denfert-Rochereau à 16 heures pour une marche qui se terminera par une « manifestive »sur le Champs de Mars, place Joffre, à partir de 18 h 30, avec la participation d’intervenants comme Marc Dufumier, Jacques Caplat et Marie-Monique Robin, ainsi que des musiciens de Volutes, des Gueules de Wab et un DJ set.
Le 23 mai, rejoignez le Monde en marche contre Monsanto !
Ensemble réclamons le droit à une alimentation saine pour tous !
Collectif citoyen les Engraineurs et Combat Monsanto
Contact : contactcollectifengraineurs@lists.riseup.net
Retrouvez tous les articles de Basta ! sur le sujet dans notre dossier : Main basse sur les semences
Photo code-barre : CC Dru Blood. Marche contre Monsanto à Austin (Etats-Unis) en mai 2013.
Source: Bastamag
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