Le gaspillage alimentaire est un problème majeur dans les pays ayant adopté des habitudes de sur-consommation. Chaque année 1,3 milliard de tonnes de denrées comestibles par an sont jetées, selon la FAO1. A toute échelle de la chaîne alimentaire s’opère ce gâchis. En Belgique, quelques villes ont décidé d’agir au niveau des industries agro-alimentaires en les forçant à donner aux associations de redistribution alimentaire.
La Belgique oblige les supermarchés à donner
Comme la permission est livrée par l’administration communale (municipalité), quelques unes d’entre elles ont décidé d’y ajouter une clause obligeant les supermarchés à faire don de leurs invendus. Le but étant de limiter le gaspillage alimentaire et de nourrir des personnes dans le besoin. C’est dans la ville de Herstal que le bourgmestre – équivalent du maire -, Frédéric Daerden, a lancé une initiative pertinente. Les supermarchés de la ville doivent donner leurs invendus aux associations d’aide alimentaire pour que leurs permis d’environnement soit renouvelé. Le permis d’environnement est une exclusivité belge, permettant aux magasins de s’installer dans la ville, c’est l’équivalent d’un permis d’exploitation.
En Belgique, ce sont 200.000 personnes qui bénéficient de l’aide alimentaire, alors que d’un autre côté 15 kg de nourriture par personne/an sont jetées. Soit l’équivalent de 3 repas par jour pour 30.000 personnes durant 1 an, juste pour la région Bruxelloise. Les magasins quant à eux sont responsables d’un gâchis immense et jettent des produits quelques jours avant la fin de la date de péremption.
L’AFSCA2 travaille en collaboration avec les structures communales en allégeant les dispositifs detraçabilité alimentaire. Ainsi, si un produit doit être rappelé par une enseigne à cause d’un problème sanitaire, cela se fera rapidement.
Namur et d’autres communes ont adopté cet exemple à l’instar d’Herstal.
Proposition au niveau européen contre le gaspillage alimentaire
D’un autre côté, la Fédération Europénne des Banques Alimentaires (FEBA) alerte les acteurs de l’alimentation (UE, partenaires sociaux, ONG, secteur agricole, entreprises du secteur de la distribution et de l’industrie agroalimentaire …) et les invite à prendre des mesures appropriées. Depuis lamenace sur les Fonds Européens d’Aide aux plus Démunis (FEAD), les associations alimentaires ont risqué de voir les subventions européennes diminuer. Frédéric Daerden, également député au parlement européen, a posé une requête à la Commission européenne demandant une loi similaire à plus grande échelle. En Europe, 79 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté et 16 millions ont reçu des aides alimentaires.
Le système trouvé par les belges pourrait être un recours supplémentaire pour les banques alimentaires, mais peut-être insuffisant.
Rappel sur le gaspillage alimentaire
Selon la FAO, 1/3 de l’alimentation finit par être gaspillée, cela peut varier à 50% selon les sources3.
Le parlement européen précise que le gaspillage alimentaire « a des conséquences non seulement éthiques, économiques, sociales et nutritionnelles, mais aussi sanitaires et environnementales » et que « les déchets alimentaires produisent du méthane, un gaz à effet de serre 21 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. » Le parlement place la réduction du gaspillage alimentaire comme un des premiers levier contre la faim dans le monde.
Les chiffres européens font part d’un gaspillage de 89 millions de tonnes par an pour l’Union Européenne des 27 pays. 20% des habitants jetteraient des aliments à la poubelle sans même les déballer. Les prévisions pour 2020 ne sont pas meilleures et il est prévu une hausse de 40% du gaspillage alimentaire.
Que représente le gaspillage alimentaire dans le monde ?
Les origines du gaspillage alimentaire
Selon la Commission Européenne, le gaspillage proviendrait :
- des ménages : 42%
- des industries agro-alimentaires : 39%
- du secteur de la restauration : 14%
- des détaillants : 5 %
Cependant il manque le gaspillage fait au niveau de la production.
2014, l’année contre le gaspillage alimentaire
Les députés européens face à la question alarmante des déchets alimentaires ont proposé de déclarer l’année 2014 comme année contre le gaspillage alimentaire.
Au niveau de la France, l’objectif est de diviser le gaspillage par 2 avant 2025.
Les mesures prises en France sont les suivantes :
- La récupération des invendus dans les marchés de gros afin de les distribuer à des associations.
- Faciliter le ramassage des aliments chez les particuliers dans les villes. Exemple : la ville de Tours utilise des camionnettes traversant les rues.
- Généraliser les pratiques associatives travaillant sur les produits non-vendables.
Il est demandé également aux distributeurs de mieux gérer leurs stocks et de sensibiliser leurs clients au gaspillage.
Les mesures au niveau européen :
- Effectuer une campagne de sensibilisation
- Création de cours d’éducation alimentaire
- Créer une « date limite de vente »
- Proposer plusieurs tailles d’emballage
- En restauration collective : promotion de produits locaux etdistribution d’invendus
Si les mesures semblent correctes, on est bien loin de l’exemple Belge qui est bien plus concret. De plus, quelques propositions européennes risquent de poser problème. Les consommateurs risquent de confondre « date limite de vente » et « à consommer de préférence avant », déjà qu’on confondait DLC et DLUO ! Des tailles d’emballages différentes risquent de complexifier le problème du suremballage.
D’autres progrès restent à faire. Et vous, que proposeriez-vous ?
(1) FAO = Food and Agriculture Organization of the United Nations
(2) AFSCA = Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire
(3) source : Commission Européenne.
Source: Consoglobe 08/2013