Une substance plus dangereuse que la cigarette
La chicha, mélange de nicotine, charbon et tabac, est bien plus nocive pour la santé que la cigarette. Une étude récente, menée au Vietnam et publiée dans la revue JAMA Oncology, démontre que la consommation de chicha est associée à un risque accru de développer plusieurs types de cancers, notamment du poumon, du nasopharynx, de l’estomac et du foie.
Cette étude, qui a suivi plus de 39 000 individus pendant une décennie, révèle que les fumeurs de pipe à eau vietnamienne sont exposés à un risque de mortalité par cancer deux fois supérieur à celui des non-fumeurs, un chiffre encore plus élevé que pour les fumeurs de cigarettes. Plus précisément, le risque de cancer du poumon est triplé et celui de l’estomac quadruplé chez les amateurs de chicha.
Conséquences sur la santé cardiovasculaire
Outre le risque accru de cancer, la consommation de chicha présente également de graves dangers pour le système cardiovasculaire. Au Vietnam, où le tabac est consommé pur et non mélangé à de la mélasse comme dans les pays arabes, une séance de chicha, d’une durée moyenne de 40 minutes, expose le fumeur à l’équivalent en nicotine de plus d’un paquet de cigarettes. Les hydrocarbures polycycliques aromatiques, des substances cancérigènes présentes dans la fumée, pénètrent également dans les poumons, augmentant ainsi les risques pour la santé. En 2016, une étude américaine avait déjà mis en lumière l’ampleur de ces dangers, montrant qu’un fumeur de chicha inhale 125 fois plus de fumée, 25 fois plus de goudron, 2,5 fois plus de nicotine et 10 fois plus de monoxyde de carbone qu’un fumeur de cigarette. En 2018, d’autres recherches américaines ont corroboré ces résultats, indiquant que la chicha a des effets néfastes similaires à la cigarette sur le plan cardiovasculaire, tant à court qu’à long terme.
Répercussions internationales et régulations
Face à ces risques majeurs, de nombreux pays ont déjà pris des mesures strictes contre la consommation et la commercialisation de la chicha. En Afrique, par exemple, des pays comme le Bénin, le Mali, le Cameroun, le Togo et le Sénégal ont interdit la chicha. Au Qatar, les sanctions sont particulièrement sévères : fumer la chicha peut entraîner une peine de prison pouvant aller jusqu’à six mois et une amende de 10 000 QR, soit environ 2800 €. En France, la législation interdit la consommation de chicha dans tous les lieux à usage collectif depuis 2006, à l’exception des fumoirs aménagés, dont la surface ne doit pas dépasser 20 % de l’établissement.
Appels à l’action des autorités sanitaires
À la lumière de ces découvertes, les chercheurs à l’origine de l’étude vietnamienne exhortent les autorités sanitaires à prendre des mesures fortes pour lutter contre la propagation de la chicha. Ils préconisent l’interdiction de cette substance dans les lieux publics, la sensibilisation des consommateurs aux risques encourus, ainsi que l’instauration de taxes spécifiques, des stratégies déjà en place pour le tabac au Vietnam.