En avril 2014, un viticulteur bio était condamné à 500 euros d’amendes pour avoir refusé de traiter ses vignes, finalement relaxé en appel. Alors qu’elle progresse à grands pas, l’agriculture biologique est de nouveau frappée avec une baisse des aides au maintien de 25% cette année.
Les agriculteurs d’aliments biologiques (sans chimie) tentent d’apporter une alternative à l’agriculture productiviste prédominante qui « empoisonne » nos sols et nos assiettes en raison des nombreux intrants chimiques utilisés.
Dans le but de répondre aux objectifs de protection des eaux et de maintien de la biodiversité, le Ministère de l’Agriculture a mis en place un dispositif de soutien au maintien de l’agriculture bio. Une enveloppe annuelle vient soutenir les agriculteurs face aux surcoûts et au manque à gagner que peut représenter la reconversion vers une production saine.
Ces surcoûts et ce manque à gagner sont notamment liés au fait que les produits bio sont moins subventionnés par la Politique Agricole Commune, qui privilégie la course aux hectares, mais aussi au fait que les petites exploitations bio utilisent plus de main d’œuvre que les conventionnelles. Alors que la tendance est au biologique, un arrêté du 7 Mars 2015 a annoncé une baisse de 25% des aides au maintien pour ces agriculteurs courageux malgré les difficultés qu’ils rencontrent et la volonté annoncée par le gouvernement de soutenir l’agroécologie. Pas de baisse en vue des aides à l’agriculture industrielle.
Que deviennent alors les objectifs de protection de l’eau et du maintien de la biodiversité du Ministère de l’Agriculture ? Cette baisse qui va à l’encontre de ces objectifs crée une véritable incompréhension parmi les acteurs de la filière concernés : « l’annonce par arrêté en date du 7 mars 2015 d’une coupe franche de 25 % sur les aides au maintien pour la récolte 2014 fait l’effet d’une douche froide. Et ce d’autant plus qu’elles seront versées avec 3 mois de retard. Ce signal politique est incohérent pour une agriculture qui concilie production alimentaire de qualité et respect de l’environnement et qui est au coeur de l’agro-écologie pourtant si chère à notre ministre. Les acteurs de la filière, producteurs, coopérateurs et opérateurs, réagissent et appellent le gouvernement à trouver une solution. » explique la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), les Chambres d’agriculture, le syndicat Synabio et l’Union de Coopératives agricoles (Coop de France).
Le ministère de l’Agriculture se défend de son coté en expliquant avoir voulu privilégier l’aide à la conversion à la place de l’aide au maintien. Une position qui ne convainc guère, les deux mesures étant nécessaires et complémentaires.
La transition agroécologique, pilier d’un avenir serein, équitable et non polluant, n’est pas encore gagnée.
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