Les pédiatres Aliza Pressman et Blair Hammond se sont réunies pour aborder et démystifier 16 croyances populaires sur les soins aux bébés. Ces mythes, souvent transmis de génération en génération, ont pu influencer les décisions des parents, parfois au détriment du bien-être de l’enfant. Dans une vidéo de la chaine Insider Science, les expertes ont offert des informations claires et fondées sur des preuves scientifiques pour aider les parents à naviguer avec assurance dans leur rôle, en mettant l’accent sur des pratiques sûres et appropriées.
Mythe 1 : Les trotteurs aident les bébés à marcher
Aliza Pressman explique que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les trotteurs ne contribuent pas au développement de la marche chez les bébés. En réalité, certaines études montrent que les bébés utilisant des trotteurs peuvent marcher plus tard que ceux qui n’en utilisent pas. Les trotteurs empêchent les muscles des jambes de se développer naturellement en offrant un soutien artificiel. De plus, ils présentent un risque de sécurité, car les bébés peuvent accéder à des objets dangereux, comme des cuisinières chaudes, ou tomber dans les escaliers. Blair Hammond ajoute que l’Académie américaine de pédiatrie (AAP) déconseille fortement leur usage. Même si ces appareils sont parfois inscrits sur des listes de cadeaux de naissance, les parents sont invités à les retourner pour protéger leurs enfants.
Mythe 2 : Prendre un bébé qui pleure dans les bras le gâtera
Contrairement à cette croyance répandue, prendre un bébé dans les bras lorsqu’il pleure ne le gâtera pas, mais l’aide à apprendre à gérer ses émotions. Aliza Pressman insiste sur l’importance de répondre aux besoins de réconfort des jeunes bébés. Lorsque l’on calme un bébé, cela aide son cerveau à comprendre comment passer de l’état de stress à un état de calme, un processus essentiel pour le développement émotionnel à long terme. Blair Hammond encourage d’ailleurs les parents à « tomber amoureux de leur bébé » en multipliant les contacts physiques, les câlins et les moments d’apaisement. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter de « trop gâter » un nourrisson avec des gestes affectueux. Néanmoins, en grandissant, un enfant qui pleure pour réclamer un bonbon, par exemple, ne doit pas être systématiquement réconforté de la même manière, car cela relèverait d’un autre type de gestion parentale.
Mythe 3 : Le miel apaise les douleurs de dentition
Ce mythe est non seulement faux, mais aussi potentiellement dangereux. Donner du miel à un bébé de moins d’un an peut entraîner un risque de botulisme infantile, une maladie rare mais grave pouvant provoquer une paralysie. Les spores de botulisme, souvent présentes dans le miel, ne peuvent être traitées par le système immunitaire encore immature des nourrissons. Aliza Pressman et Blair Hammond avertissent donc fermement que le miel, sous toutes ses formes, doit être évité durant la première année de vie de l’enfant. Ce n’est pas un simple mythe à ignorer, mais une recommandation médicale essentielle pour la sécurité des bébés.
Mythe 4 : Les bébés qui marchent ou parlent tôt sont plus intelligents que leurs pairs
De nombreux parents pensent que si leur bébé marche ou parle avant les autres, cela est un signe d’intelligence supérieure. Cependant, Aliza Pressman explique que, bien qu’un bébé qui parle tôt puisse avoir de meilleures compétences linguistiques plus tard dans sa vie, cela ne signifie pas que ceux qui développent ces compétences plus tardivement ne les atteindront pas, voire ne les dépasseront pas. Concernant la marche, Blair Hammond précise que le développement moteur est plus souvent un indicateur de retard potentiel à surveiller, plutôt qu’un signe de précocité ou d’intelligence.
Mythe 5 : Ne jamais réveiller un bébé qui dort
Il est essentiel de réveiller les nouveau-nés pour les nourrir fréquemment, notamment au cours des premières semaines de vie. Blair Hammond souligne que les bébés très jeunes doivent être réveillés toutes les trois à quatre heures pour manger, même si cela interrompt leur sommeil. Aliza Pressman ajoute qu’à partir de cinq à six semaines, le cycle de sommeil jour-nuit commence à se réguler, mais il est toujours important de s’assurer que le bébé ne dort pas trop longtemps durant la journée, afin de favoriser un sommeil plus consolidé la nuit.
Mythe 6 : Les berceuses aident les bébés à dormir
Les berceuses peuvent certes apaiser un bébé et rendre l’heure du coucher plus agréable, mais elles ne sont pas une solution miracle pour endormir instantanément un nourrisson. Blair Hammond explique que l’effet apaisant de la musique aide à créer une atmosphère de calme, mais chaque bébé réagit différemment. Selon Aliza Pressman, l’important est de trouver un moyen de réconfort qui inclut à la fois la musique, les câlins et un environnement calme, pour encourager progressivement l’endormissement.
Mythe 7 : Les siestes ne sont pas nécessaires
Les siestes sont absolument essentielles pour les jeunes enfants, surtout durant leur première année de vie. Blair Hammond insiste sur l’importance de maintenir une routine de siestes régulières pour aider les bébés à mieux se comporter, à apprendre plus efficacement et à mieux dormir la nuit. Les bébés privés de siestes sont souvent plus irritables et ont plus de difficultés à s’endormir le soir. Pressman souligne que, même après l’âge de deux ans, il est recommandé de conserver au moins une sieste par jour pour soutenir le développement émotionnel et cognitif.
Mythe 8 : Les bébés doivent dormir toute la nuit à partir de trois mois
Bien que de nombreux parents espèrent que leur bébé dormira toute la nuit dès l’âge de trois mois, il est tout à fait normal que les nourrissons se réveillent encore pour se nourrir à cet âge. Selon Pressman, il faut laisser le bébé dicter son propre rythme de sommeil jusqu’à quatre mois. Ce n’est qu’entre quatre et six mois que les parents peuvent commencer à influencer les habitudes de sommeil de leur enfant. Blair Hammond souligne avec humour que se vanter du sommeil ininterrompu de son bébé peut éloigner certains amis, dont les enfants n’ont pas encore atteint ce stade.
Mythe 9 : Certains jouets rendent les bébés plus intelligents
Il est tentant de croire que certains jouets peuvent rendre un bébé plus intelligent, mais selon les pédiatres, ce qui compte vraiment, c’est l’interaction entre l’enfant et l’adulte pendant le jeu. Les jouets eux-mêmes n’ont pas le pouvoir d’améliorer les capacités intellectuelles d’un bébé. Aliza Pressman explique que c’est l’interaction avec un parent, le langage utilisé pour décrire le jouet, et les échanges constants qui stimulent réellement le développement du cerveau. Ce type d’interaction est un outil puissant pour favoriser l’apprentissage du langage et le développement cognitif.
Mythe 10 : Les sauteurs rendent les jambes des bébés arquées
Blair Hammond clarifie que l’idée selon laquelle les dispositifs comme les sauteurs peuvent rendre les jambes des bébés arquées est un mythe. En réalité, la courbure naturelle des jambes des bébés à la naissance est due à leur position dans l’utérus, et non à l’utilisation de ces dispositifs. Cependant, Hammond et Pressman déconseillent l’usage des sauteurs pour une autre raison : ces appareils poussent les bébés à se tenir sur la pointe des pieds, ce qui n’est pas recommandé pour leur développement moteur et musculaire.
Mythe 11 : Les pleurs excessifs indiquent toujours un problème
Entre trois et six semaines, il est fréquent que les bébés pleurent beaucoup. Cette phase est souvent associée à des coliques, qui se définissent par des pleurs de trois heures ou plus, au moins trois jours par semaine, pendant trois semaines ou plus. Si un bébé semble inconsolable pendant plus d’une heure, les parents doivent consulter un pédiatre pour s’assurer qu’il n’y a pas de problème médical sous-jacent. Toutefois, si les pleurs cessent lorsque le bébé est bercé ou réconforté, il s’agit probablement d’un besoin de réconfort plutôt que d’un problème grave.
Mythe 12 : Les bébés ont besoin d’eau quand il fait chaud
Les bébés, surtout dans leur premier mois de vie, ne doivent pas recevoir d’eau, même par temps chaud. Aliza Pressman explique que le lait maternel ou le lait infantile est parfaitement adapté aux besoins en hydratation des nouveau-nés. Donner de l’eau à un jeune bébé peut déséquilibrer ses électrolytes et mettre en danger sa santé. Ce n’est qu’à partir de six mois que l’introduction de petites quantités d’eau devient recommandée.
Mythe 13 : Il faut éviter de donner des cacahuètes, du poisson et des œufs avant l’âge de trois ans
Ce mythe, longtemps soutenu par la communauté médicale, a été largement réfuté. Aujourd’hui, les données montrent que l’introduction précoce d’aliments allergènes, entre quatre et six mois, réduit le risque de développer des allergies alimentaires. Aliza Pressman rappelle que les parents doivent consulter leur pédiatre pour savoir comment et quand introduire ces aliments, surtout s’il existe des antécédents familiaux d’allergies. Toutefois, il reste crucial d’éviter le miel avant l’âge d’un an.
Mythe 14 : La musique classique rend les bébés plus intelligents
Bien que jouer de la musique classique à un bébé puisse créer un environnement auditif stimulant, ce n’est pas un moyen infaillible pour améliorer son intelligence. Blair Hammond souligne que les interactions verbales et émotionnelles entre un bébé et ses parents, en particulier lorsque ceux-ci utilisent leur langue maternelle avec enthousiasme et expressivité, sont beaucoup plus bénéfiques pour le développement linguistique et social du bébé.
Mythe 15 : La taille d’un nouveau-né prédit sa taille future
Beaucoup de parents s’inquiètent de la courbe de croissance de leur bébé, croyant que sa taille à la naissance ou dans ses premières années est un indicateur de sa taille adulte. Pourtant, Blair Hammond explique que la taille finale d’un enfant est surtout déterminée par la taille des parents et par l’âge auquel l’enfant entre en puberté. Certains enfants, petits à l’adolescence, peuvent continuer à grandir plus longtemps que leurs pairs et dépasser leur taille plus tard.
Mythe 16 : La fièvre est causée par la poussée dentaire
Contrairement à une croyance répandue, la poussée dentaire ne provoque pas de fièvre. Si un bébé fait de la fièvre, cela indique généralement une infection ou un autre problème de santé. Les pédiatres insistent sur le fait qu’une fièvre élevée, accompagnée de symptômes tels que la toux ou des vomissements, nécessite une consultation médicale.
Source : Insider Science