L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a engagé une procédure administrative, vendredi 28 février, pour bloquer un vaste projet d’exploitation minière de cuivre et d’or en Alaska, qui pourrait menacer la plus grande zone de pêche de saumons sauvages au monde.
« D’importantes études scientifiques nous donnent braucoup de raisons de croire que le projet de Pebble Mine aura probablement des impacts néfastes significatifs et irréversibles sur les eaux de la baie de Bristol et sur l’abondance de ses pêcheries de saumons », a déclaré l’administratrice de l’EPA, Gina McCarthy. L’action de l’EPA vise donc « à assurer la protection de la zone de pêche de saumons la plus productive au monde contre les risques que représenterait l’une des plus grandes mines à ciel ouvert », a-t-elle ajouté.
Cette action, assez rare, pourrait conduire à l’interdiction, sans précédent par l’autorité fédérale, d’un projet d’exploitation minière avant même que la société ait soumis une demande de permis.
MENACE POUR LES PÊCHERIES ET L’ÉCOSYSTÈME
La baie de Bristol produit près de la moitié des saumons sauvages rouges (sockeye) dans le monde avec en moyenne 37,5 millions de poissons par an. La qualité exceptionnelle de l’eau des rivières et des zones marécageuses offrent un habitat idéal à ces poissons.
L’exploitation minière serait située à la source de deux rivières où se trouvent ces pêcheries, qui représentent 480 millions de dollars et emploient plus de 14 000 personnes. Les promoteurs du projet devront démontrer que leurs activités ne menacent pas l’écosystème, ce qui paraît difficile.
L’action de l’EPA est une victoire pour les groupes environnementaux, les pêcheries et les autochtones mobilisés contre ce projet depuis trois ans. Les élus républicains d’Alaska, dont le gouverneur Sean Parnell et la sénatrice Lisa Murkowski, y ont apporté tout leur soutien. L’EPA a de son côté entrepris une vaste étude d’impact de la mine sur l’écosystème de la baie de Bristol, qui a recueilli 1,1 million de commentaires publics et des analyses de deux comités d’experts indépendants.
Selon les promoteurs du projet Pebble, cette région renferme l’un des gisements les plus vaste et riche au monde, avec le capacité de produire plus de 36 millions de tonnes de cuivre et plus de 3 000 tonnes d’or au cours des trente prochaines années.