ALIMENTATION – L’ONG a ciblé des tranches de poulet à l’eau, une soupe au bœuf sans bœuf, des yaourts aux fruits rouges sans fruit…
L’ONG allemande Food Watch, spécialiste de la dénonciation des fraudes alimentaires, cible cinq produits aux affirmations et étiquettes mensongères pour sa première campagne en France et lance une pétition contre Michel-Edouard Leclerc, patron de l’enseigne éponyme.
Créée en 2002 dans la foulée du scandale de la vache folle pour défendre les consommateurs contre l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, Food Watch a présenté mardi à Paris des filets de dinde «à l’étouffée» (E.Leclerc), une vinaigrette «aux tomates séchées» (Puget), des yaourts bio «aux fruits» (Vrai), des raviolis «au jambon cru et parmesan» (Lustucru) et une soupe en sachet «au boeuf et aux carottes» (Maggi) dont elle conteste les appellations et les étiquettes, estimant que ces «ruses des industriels» induisent les clients en erreur.
Fausses déclarations légales
Pour chaque produit, Food Watch a contacté l’industriel et réclamé des explications, rarement obtenues puisqu’ «aucune loi ne contraint les fabricants à la transparence», a insisté Ingrid Kragl, directrice de l’information de Food Watch France. Le pire étant que «les fausses déclarations sont légales» au regard de la loi française, même si elles sont «illégitimes».
Si l’ONG cible l’industrie, elle dénonce aussi la grande distribution qui met ces produits en rayons sans les contrôler:«Toute la chaine doit être tenue pour légalement responsable: les distributeurs ne peuvent échapper à leurs responsabilités» estime Ingrid Kragl.
Food Watch, déjà présente en Allemagne où elle revendique 28.000 adhérents-cotisants et aux Pays-Bas se déclare «100% indépendante» des pouvoirs publics et de l’industrie, financée par ses seuls membres. La branche française étant soutenue pour le moment par la «maison mère» allemande, assure-t-elle.
- Des tranches de poulet à l’eau
Pour les tranches de filet de dinde «100% filet», le produit ne contient que «84% de viande, le reste c’est de l’eau, des additifs et du sel» a-t-elle remarqué: «Ainsi le consommateur paye six tranches de dinde, en réalité le paquet n’en compte réellement que cinq».
Mais Leclerc, le fabricant, a répondu que sa dinde était légale: «Elle répond bien au code de bonnes pratiques, qui a été élaboré par l’industrie et validé par la DGCCRF», le service de répression des fraudes. Michel-Edouard Leclerc, le patron des hyper et supermarchés éponymes se retrouve la cible de la première pétition de l’ONG dans l’Hexagone, «Non à la dinde à l’eau!».
- Une soupe au boeuf sans boeuf
C’est cette double casquette de juge et partie que conteste encore Food Watch avec la soupe Maggi du groupe Nestlé qui, malgré son nom, comporte 0% de boeuf et «1,1% de jus de cuisson» avec «5,5% de carottes».
Là encore, l’industriel a fait valoir que son produit respecte «le code… […] élaboré par le Syndicat national des soupes et potages dont la mission est de défendre ses adhérents», souligne Ingrid Kragl.
- Une vinaigrette avec 1% de vinaigre
Quant à la vinaigrette, malgré la photo appétissante qui renvoie aux tables provençales, elle ne contient qu’1% de tomates, de l’huile de colza et du vinaigre blanc.
- Raviolis au jambon avec peu de jambon
La farce des raviolis est composée de seulement 24% de jambon. Le reste: fécule et flocons de pomme de terre et poitrine de porc. Lustrucru a refusé de répondre sur ce point.
- Yaourts aux fruits rouges sans fruit
Les yaourts «bio aux fruits rouges» présentés n’en contiennent pas un seul gramme. A l’inverse, «seulement des arômes pas bio du tout», insiste l’ONG. Pour Food Watch, «le but n’est pas que le fabricant change de recettes mais qu’il joue la transparence, éventuellement qu’il modifie certains ingrédients».