La fabrication des maladies osseuses : l’histoire de l’ostéoporose et de l’ostéopénie

Définition et conception arbitraire de l’ostéopénie et de l’ostéoporose

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a introduit les définitions de l’ostéopénie en 1992 et de l’ostéoporose en 1994, deux termes qui désignent des conditions liées à la densité minérale osseuse (DMO).

Ces définitions sont basées sur la mesure de la DMO grâce à un appareil appelé absorptiométrie biénergétique à rayons X (DXA ou DEXA). L’ostéopénie est définie comme une DMO située à 1 écart-type en dessous de la densité maximale observée chez une jeune femme adulte caucasienne, tandis que l’ostéoporose correspond à une DMO à 2,5 écarts-types en dessous de cette norme. Cette classification, qui est maintenant largement utilisée à travers le monde, a conduit à une catégorisation d’une grande partie des femmes comme souffrant de maladies osseuses nécessitant un traitement, bien que ces conditions soient souvent sans symptômes.

L’OMS a ainsi transformé le vieillissement normal des os en un problème médical. Il est important de noter que cette démarche a été largement critiquée, notamment parce que la référence utilisée pour déterminer ce qui est considéré comme une « densité normale » des os est basée sur un pic de densité observé chez des jeunes adultes de 30 ans, ce qui ne tient pas compte du vieillissement naturel des os.

Vieillissement et la médicalisation des corps féminins

En choisissant de comparer la densité osseuse des femmes âgées à celle de jeunes adultes, l’OMS a transformé le vieillissement en une pathologie nécessitant une intervention médicale. Comme le vieillissement entraîne naturellement une diminution de la densité osseuse, une large proportion des femmes âgées a ainsi été redéfinie comme souffrant de maladies osseuses. De cette manière, les définitions de l’OMS ont ouvert la porte à la médicalisation des corps féminins, en leur faisant croire qu’elles souffraient de maladies graves, justifiant l’usage de traitements coûteux et potentiellement dangereux comme les médicaments pour augmenter la densité osseuse et les compléments en calcium.

En effet, cette transformation de femmes en bonne santé, mais affichant une DMO plus faible, en une population à risque nécessitant un traitement, a profité à plusieurs industries. Des fabricants d’appareils DXA aux prescripteurs de médicaments, en passant par les consultations médicales, ce phénomène a généré des milliards de dollars de revenus à travers le monde.

Ostéopénie : une condition artificielle

L’ostéopénie n’est en réalité pas une maladie reconnue, mais simplement une déviation statistique. Selon Dr. L. Joseph Melton de la Mayo Clinic, qui a participé à l’établissement des critères de l’OMS, l’ostéopénie n’a aucune signification diagnostique ou thérapeutique précise. Son rôle était uniquement de signaler un risque potentiel. De même, le Dr. Michael McClung, directeur de l’Oregon Osteoporosis Center, a souligné que l’ostéopénie est une médicalisation d’un « non-problème ».

La définition de l’ostéopénie semble violer à la fois le bon sens et les principes fondamentaux de la biologie. Par exemple, le fait que des personnes de plus de 30 ans aient une densité osseuse plus faible que celles de 30 ans est une évolution naturelle du corps humain et non un signe de pathologie. Pourtant, selon l’OMS, cette diminution naturelle de la densité osseuse est classée comme anormale et requiert une intervention médicale.

Manipulation des critères et la propagation des diagnostics

La classification de l’ostéopénie et de l’ostéoporose, basée sur les scores T (comparaison à la densité osseuse d’une femme de 30 ans), révèle une incohérence flagrante. Par exemple, en utilisant les critères de l’OMS, 16 % des jeunes femmes de 30 ans sont déjà diagnostiquées comme ayant de l’ostéopénie, alors qu’il s’agit d’un âge où elles sont censées être au pic de leur santé osseuse.

En vieillissant, les pourcentages augmentent dramatiquement : à 65 ans, environ 60 % des femmes sont classées comme ayant de l’ostéopénie ou de l’ostéoporose. Pourtant, si l’on utilise un score Z, qui compare la densité osseuse des femmes à celle de leur groupe d’âge, une grande partie de ces diagnostics disparaît. Une étude a montré que lorsque l’on passe du score T au score Z, 30 % à 39 % des femmes initialement diagnostiquées comme ostéoporotiques sont reclassées comme étant normales ou ostéopéniques.

La qualité osseuse et la densité minérale osseuse : une distinction essentielle

Un des problèmes majeurs des définitions de l’OMS réside dans le fait que la DMO ne reflète pas nécessairement la qualité et la résistance des os. En effet, bien que la densité osseuse puisse être liée à la force compressive des os (leur capacité à résister à une pression statique), elle ne représente pas bien la force de traction (résistance à l’étirement ou au choc).

Par exemple, des matériaux comme le verre, qui sont denses, peuvent facilement se briser en cas de choc. En revanche, des matériaux plus souples comme le bois, bien que moins denses, sont beaucoup plus résistants aux forces exercées lors d’une chute, car ils ont une meilleure capacité à fléchir. Ainsi, une densité osseuse élevée ne garantit pas nécessairement une meilleure résistance aux fractures.

Le paradoxe de la densité osseuse élevée et le cancer du sein

Un fait peu discuté, mais bien documenté, est que des niveaux élevés de densité osseuse chez les femmes ménopausées augmentent le risque de cancer du sein. Des études montrent qu’une densité osseuse élevée est associée à une augmentation de 200 % à 300 % du risque de cancer du sein, en particulier pour les formes avancées du cancer.

Par exemple, une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association a révélé que les femmes ayant une DMO dans le quartile supérieur présentent un risque 2 à 2,5 fois plus élevé de cancer du sein. D’autres études corroborent ces résultats, soulignant que les femmes avec une densité osseuse élevée sont beaucoup plus susceptibles de développer un cancer du sein que celles avec une densité osseuse plus faible.

Des interventions potentiellement nuisibles pour la santé des femmes

L’accent excessif mis sur la prévention de l’ostéoporose détourne l’attention des véritables causes de mortalité chez les femmes, à savoir les maladies cardiovasculaires et les cancers. De plus, les suppléments de calcium, souvent recommandés pour améliorer la DMO, sont désormais associés à un risque accru de crise cardiaque. Deux méta-analyses publiées en 2011 ont montré une augmentation de 24 % à 27 % du risque de crise cardiaque chez les femmes consommant des doses élevées de calcium.

Ainsi, le modèle promu par l’OMS et ses recommandations pourrait nuire aux femmes en augmentant leur risque de développer des problèmes de santé graves, tout en médicalisant un processus naturel du vieillissement.

Source: greenmedinfo.com