Le petit-déjeuner est souvent considéré comme le repas le plus important de la journée, en particulier en ce qui concerne la perte de poids. Des institutions de renom telles que Johns Hopkins, NYU, la Mayo Clinic et même l’administrateur de la santé publique des États-Unis ont soutenu cette idée. L’American Dietetic Association a même suggéré que prendre un petit-déjeuner pourrait être le secret le mieux gardé pour affiner sa silhouette. Mais cette affirmation est-elle fondée ?
La newsletter de la Duke School of Medicine a exprimé son scepticisme, remettant en question la croyance largement répandue selon laquelle le petit-déjeuner protégerait contre l’obésité. Cette croyance est souvent citée comme un exemple typique de la distorsion biaisée du dossier scientifique. Il est indéniable qu’il existe une association entre le poids corporel et le petit-déjeuner : les études montrent que l’obésité et l’omission du petit-déjeuner ont tendance à aller de pair. En 1998, des preuves solides de cette association avaient déjà été établies, et les études se sont multipliées au point de devenir ridicules.
Cependant, la question demeure : cette relation entre l’omission du petit-déjeuner et l’obésité est-elle de cause à effet ? Pour illustrer la différence entre corrélation et causalité, prenons l’exemple de l’industrie de la confiserie qui a prétendu que restreindre les bonbons pourrait rendre les enfants gros. Cette affirmation est basée sur une étude qu’ils ont financée, qui a montré que les enfants et adolescents consommateurs de bonbons étaient significativement moins susceptibles d’être en surpoids ou obèses. Cependant, est-il plus probable que la réduction de la consommation de bonbons entraîne l’obésité, ou que l’obésité entraîne une réduction de la consommation de bonbons ?
De même, il se pourrait que les personnes en surpoids sautent le petit-déjeuner dans le but de consommer moins de calories, plutôt que l’omission de repas conduisant à une prise de poids. Des essais contrôlés randomisés ont montré que manger ou non le petit-déjeuner ne semble pas affecter le taux de métabolisme ni supprimer suffisamment l’appétit. La plupart des études indiquent que manger le petit-déjeuner conduit à une consommation calorique égale ou supérieure sur la journée.
Par exemple, si on donne aux gens un petit-déjeuner de 500 calories, ils peuvent consommer environ 150 calories de moins au déjeuner que ceux qui ont sauté le petit-déjeuner, mais ils finissent par avoir un surplus de 350 calories par rapport à ceux qui ne prennent pas de petit-déjeuner. Cela se traduit-il par une prise de poids à long terme ? Une étude de l’Université Brigham Young a randomisé 49 femmes qui avaient l’habitude de sauter le petit-déjeuner pour soit commencer à en prendre, soit continuer à le sauter. Les résultats ont montré que l’ajout d’un petit-déjeuner entraînait une consommation de centaines de calories supplémentaires par jour et un gain de poids de près d’un demi-kilo par semaine.
En conclusion, alors que l’association entre le saut du petit-déjeuner et l’obésité est claire, la causalité n’est pas aussi évidente. Les preuves suggèrent que l’ajout ou l’omission du petit-déjeuner n’a pas d’impact significatif sur le métabolisme ou la perte de poids. Ainsi, la décision de prendre ou non un petit-déjeuner devrait être basée sur des préférences personnelles et des habitudes alimentaires plutôt que sur l’idée qu’il s’agit d’une stratégie de perte de poids efficace.
Source : Nutrition Facts