Un rapport percutant publié par la Chambre des représentants américaine suscite une vive controverse en mettant en lumière de graves lacunes dans la gestion de la pandémie de Covid-19. Invité à s’exprimer sur Sud Radio, le professeur Didier Raoult a apporté son analyse critique sur ce document, tout en revenant sur les défaillances observées en France. Décryptons ensemble les points majeurs abordés lors de cette émission.
Un rapport accablant sur la gestion américaine
Fruit de deux années d’enquête par une commission spéciale créée en février 2023, ce rapport de plus de 500 pages, publié sous l’égide de la majorité républicaine, livre des conclusions qui interrogent. En voici les principales accusations :
- Origine probable du virus : l’incident de laboratoire en Chine est privilégié, impliquant des recherches controversées sur le « gain de fonction ». Ces travaux, soutenus par des fonds publics américains via l’organisation EcoHealth Alliance, auraient permis au virus de se propager.
- Défaillances dans la gestion : des agences inadaptées ont été mobilisées, favorisant des mesures inefficaces et coercitives. Les populations vulnérables n’ont pas été priorisées.
- Impact économique et social : 160 000 entreprises ont fermé, dont 60 % de manière définitive. La fermeture prolongée des écoles a engendré des pertes éducatives historiques et une montée des troubles psychologiques chez les enfants.
- Vaccination : bien qu’initialement présentés comme une solution, les vaccins n’ont pas empêché la propagation ni la transmission du virus. L’obligation vaccinale est critiquée pour ses atteintes aux libertés individuelles.
- Manquements institutionnels : des obstructions à l’enquête, des mensonges présumés au Congrès et une mauvaise coordination ont été pointés, notamment à l’encontre du docteur Anthony Fauci et de ses collaborateurs.
L’analyse de Didier Raoult
Didier Raoult a salué la démarche du Congrès américain, y voyant « la preuve que la démocratie américaine conserve des ressources pour affronter ses propres erreurs ». Il déplore cependant qu’une telle initiative n’ait pas vu le jour en France, malgré des enjeux similaires.
Concernant l’origine supposée du virus, Raoult émet des réserves. Il reconnaît que la thèse d’une fuite de laboratoire reste possible mais attire l’attention sur les mutations du virus, qui auraient joué un rôle central :
« Les mutations clés, notamment celles ayant augmenté la contagiosité chez l’humain, sont survenues en Europe et non en Chine. Ces évolutions étaient imprévisibles et n’ont rien à voir avec un scénario de laboratoire. »
Pour le professeur, la pandémie n’a donc pas été uniquement influencée par les origines du virus mais aussi par des facteurs biologiques propres au contexte européen.
Une gestion sanitaire chaotique en France
Raoult n’a pas manqué de critiquer la gestion française, qu’il qualifie de « contre-médecine ». Selon lui, plusieurs erreurs majeures ont amplifié la crise, notamment :
- Des tests PCR insuffisants : Au début de la pandémie, seuls certains laboratoires, comme l’Institut Pasteur, étaient autorisés à réaliser des tests, bien que leur capacité soit limitée. Raoult explique avoir lui-même convaincu le président de la République d’élargir ces capacités, permettant à d’autres laboratoires, comme celui de Marseille, de prendre le relais.
- Des directives inadaptées : Les autorités sanitaires ont initialement conseillé aux patients de rester chez eux tant que leurs symptômes ne s’aggravaient pas, une approche qui, selon Raoult, a conduit de nombreux malades à ne consulter qu’à un stade avancé de l’infection, augmentant ainsi le recours aux soins intensifs.
- Une communication inadaptée : Les messages confus et contradictoires des institutions ont affaibli la confiance de la population.
Raoult insiste également sur les conflits institutionnels, évoquant ses désaccords avec Martin Hirsch, ancien directeur de l’AP-HP, qu’il accuse d’avoir manipulé les données de mortalité. Ces tensions, associées à ce qu’il perçoit comme une protection médiatique et politique de Hirsch, soulignent, selon lui, un manque de transparence et de justice.
La nécessité d’une réflexion démocratique
Au-delà des enjeux sanitaires, Didier Raoult appelle à une réflexion sur le fonctionnement des institutions et la place de la justice dans la gestion des crises. Il regrette que des figures influentes aient bénéficié d’un traitement de faveur, freinant la recherche de vérité. Cette situation, selon lui, reflète une instrumentalisation des systèmes judiciaire et médiatique.
« La justice ne peut pas être un simple outil de l’exécutif. Montesquieu l’avait déjà souligné : il est impératif de séparer les pouvoirs. »
Raoult voit dans le rapport américain une opportunité de repenser la gouvernance et d’établir des mécanismes de contrôle indépendants pour éviter les erreurs du passé. Il appelle de ses vœux une enquête similaire en France, qui permettrait de tirer des enseignements sur les choix et les décisions ayant marqué cette crise.
Une page à écrire en France ?
En conclusion, Didier Raoult considère ce rapport comme un signal d’alarme. Si les États-Unis ont su initier une démarche d’introspection, la France aurait, selon lui, tout à gagner à suivre cet exemple. Il s’agit, pour le professeur, d’un enjeu de transparence et de responsabilité face à des décisions ayant impacté des millions de vies.
Source : Sud Radio