Le sucre des fruits est-il aussi « mauvais » que le sucre transformé ? Cette réponse va vous surprendre !

Jessie Inchauspé, alias « Glucose Goddess », l’affirme sans détour : la vision idéalisée du fruit naturel est en réalité un mythe. Si les fruits ont longtemps été perçus comme des aliments sains et intouchables, leur transformation progressive par l’homme a profondément modifié leur profil nutritionnel. Et ce que cela implique pour notre glycémie est loin d’être anodin.

Des fruits qui n’ont plus rien de sauvage

« Le fruit que nous mangeons aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui que consommaient nos ancêtres », explique Jessie. De la même manière que les chiens ont été transformés à partir du loup, les fruits ont été sélectionnés et modifiés pendant des millénaires pour devenir plus sucrés, plus juteux, avec moins de graines et moins de fibres.

Prenons l’exemple de la banane : autrefois petite, dense, remplie de graines et peu sucrée, elle est devenue aujourd’hui un fruit lisse, sucré, sans fibres et sans graines. Cette transformation la rend beaucoup plus agréable à consommer, mais elle entraîne aussi une concentration beaucoup plus élevée de sucre.

Fruits entiers : un allié, malgré tout

Malgré cette évolution, Jessie insiste : manger un fruit entier reste la meilleure option lorsqu’on veut consommer quelque chose de sucré. Pourquoi ? Parce qu’il contient encore des fibres, et que celles-ci jouent un rôle essentiel. « Les fibres aident à réduire le pic de glucose d’un repas en créant une sorte de maillage dans l’intestin qui ralentit l’absorption du sucre », précise-t-elle. C’est précisément cette fonction qui rend le fruit entier bien plus intéressant qu’un produit sucré transformé.

Les dérives du jus et des fruits secs

La situation se complique lorsqu’on déstructure le fruit. « Si vous pressez une pomme, vous éliminez toutes les fibres et vous concentrez les sucres », explique Jessie. Une pomme déjà sucrée devient alors un liquide sucré sans aucune barrière pour ralentir l’absorption du glucose.

Même chose avec les fruits secs : l’eau est retirée, le sucre se retrouve ultra-concentré, et on en mange généralement bien plus qu’on ne le ferait avec des fruits frais. « On consommera sans y penser dix abricots secs, alors qu’on n’aurait jamais mangé dix abricots frais d’un coup », remarque-t-elle. Ce phénomène est particulièrement problématique lorsqu’on propose ces produits à des enfants, souvent sous forme d’en-cas prétendument sains.

Jessie recommande alors une astuce simple : associer les fruits secs à des noix. Cela ralentit l’impact glycémique de l’en-cas. « C’est comme mettre des vêtements sur les glucides », dit-elle en souriant.

Des ajustements simples pour de grands effets

Ce qui distingue l’approche de Jessie, c’est sa simplicité. Elle ne cherche pas à imposer un régime drastique ou à diaboliser des aliments. Elle propose des ajustements réalistes, accessibles à tous : ajouter des légumes en entrée, opter pour un petit-déjeuner salé, bouger après les repas, utiliser un peu de vinaigre dans l’alimentation, ou encore penser à « habiller » les glucides.

« Ce sont des petits changements qui ont un grand impact », souligne-t-elle. Pas besoin de tout bouleverser. Il s’agit simplement d’intégrer des principes efficaces, validés par la science, dans sa routine quotidienne, sans pression ni culpabilité.

Fruits à jeun ou en fin de repas : que choisir ?

Un point souvent débattu concerne le moment où consommer les fruits. Les traditions anciennes, comme l’ayurveda, préconisent de les manger en début de repas, ou à jeun, pour faciliter la digestion. Mais les données récentes sur la glycémie montrent au contraire que manger sucré en fin de repas permet de limiter les pics glycémiques.

Jessie apporte une réponse équilibrée : « Si vous digérez bien les fruits après les repas, continuez. Si cela vous gêne, changez. » Elle précise aussi que l’idée selon laquelle le fruit « fermente » dans l’estomac lorsqu’il est mangé après le repas vient d’un médecin de la Renaissance et n’a aucun fondement scientifique. « Rien ne pourrit dans l’estomac. C’est simplement faux. »

Faire face aux critiques : une approche ouverte et bienveillante

Avec la visibilité vient inévitablement la critique. Jessie a appris à différencier les retours qu’elle ne peut pas changer — par exemple, ceux de personnes ayant un rapport difficile à la nourriture — des critiques constructives. Un point de tension particulier est venu de personnes atteintes de diabète de type 1, certaines ayant été heurtées par l’utilisation d’un capteur de glucose par une personne non diabétique.

Jessie a réagi en modifiant sa communication : elle a cessé de publier des photos mettant en avant l’appareil et précise désormais qu’elle l’utilise uniquement pour créer des graphiques éducatifs. « Ce n’est pas un accessoire. C’est un outil pédagogique. » Elle ajoute que d’autres membres de la communauté diabétique ont au contraire apprécié cette démarche, car elle contribue à déstigmatiser l’usage de ces appareils.

Autre critique fréquente : la méthode du « clothes on carbs », qui consiste à atténuer l’effet des glucides en les combinant à des fibres, protéines ou graisses. Certains l’interprètent comme un prétexte à des excès (comme tartiner une grosse couche de beurre sur du pain), ce que Jessie réfute fermement. « Il faut de la nuance. Je l’explique très clairement dans mes livres. »

Entre santé métabolique et équilibre mental

Jessie est également très attentive aux personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire. Certains l’accusent de proposer des règles rigides qui pourraient favoriser des comportements obsessionnels. Elle reconnaît la complexité du sujet mais insiste sur le fait que son approche est justement une alternative douce et structurée aux régimes extrêmes. « Les gens ont besoin de ces informations. Certaines personnes meurent à cause d’un mauvais contrôle de leur glycémie. »

Elle évoque des témoignages marquants, comme celui d’une jeune femme atteinte de boulimie, qui affirme que ses conseils ont transformé son rapport à l’alimentation. Ce sont ces retours qui motivent Jessie à continuer, tout en restant à l’écoute, en apprenant constamment et en adaptant son discours avec empathie et responsabilité.

Des conseils concrets pour commencer dès aujourd’hui

Pour celles et ceux qui souhaitent s’y mettre, Jessie recommande son livre La Méthode Glucose Goddess, mais précise que tout le monde peut commencer gratuitement grâce à ses contenus en ligne. Sur son compte Instagram, elle partage des graphiques pédagogiques et des astuces simples : petit-déjeuner salé, légumes en premier, vinaigre, mouvements après les repas, ou encore la fameuse méthode des « vêtements sur les glucides ».

Et si vous doutez encore du lien entre glycémie et bien-être mental, elle vous propose un test très simple : « Faites des flexions de mollets pendant dix minutes à votre bureau après le déjeuner. Vous verrez si votre humeur ne s’améliore pas. Essayez, votre corps vous parlera. »

Source : Dr Chatterjee Clips