Le sucre nous rend-il bêtes ?

Au fil des décennies, notre perception du sucre a drastiquement changé. Autrefois considéré comme sain et coupe-faim, il est aujourd’hui perçu comme un facteur de risque majeur pour des maladies telles que l’obésité et le diabète. Mais avait-on envisagé qu’il pourrait aussi nuire à notre cerveau ?

Une addiction insidieuse au sucre

Il est étonnant de constater à quel point nous sommes attirés par le sucre, malgré ses effets néfastes. Du point de vue de la biologie de l’évolution, notre attirance pour le sucré s’explique par le fait qu’aucune plante sucrée dans la nature n’est toxique. De plus, le sucre nous procure une énergie immédiate.

Cependant, la transformation industrielle du sucre, notamment de la canne à sucre, comprend l’utilisation massive d’engrais, de pesticides et de produits chimiques, rendant ce produit bien éloigné de sa forme naturelle.

Le sucre et son impact sur notre cerveau

Les effets du sucre sur notre cerveau sont multiples et inquiétants. Lors de sa transformation en énergie, le sucre produit des substances toxiques comme le méthylglyoxal, capable de littéralement « griller » notre cerveau. Les protéines présentes dans notre corps, notamment dans le cerveau, peuvent se détériorer ou se « caraméliser », un phénomène accéléré par le fructose.

Des études menées sur des rats ont montré que consommer des aliments très sucrés sur une période prolongée entraîne la mort des cellules de l’hippocampe, une région du cerveau cruciale pour la mémoire. Ainsi, les rats étaient incapables de se souvenir de l’emplacement de la nourriture dans un labyrinthe, signe que leur mémoire était affectée par le sucre.

Sucre et système de récompense

Notre cerveau perçoit les aliments sucrés comme non toxiques et riches en énergie, en libérant le neurotransmetteur dopamine. Cette libération est perçue comme une récompense, ce qui nous incite à consommer davantage de sucre. Cependant, ce mécanisme de récompense s’emballe rapidement et nous conduit à une consommation excessive.

Selon une étude, des volontaires ayant consommé quotidiennement du pudding riche en sucre et en graisse durant deux mois ont montré une activité beaucoup plus intense de leur système de récompense lorsqu’on leur a donné un milkshake sucré, comparé à ceux ayant consommé une version plus légère du pudding.

Le sucre peut-il mener à une dépendance ?

Des centaines d’études ont démontré que le sucre a des effets semblables à ceux d’une drogue. Supprimer brutalement le sucre de son alimentation peut provoquer des symptômes de sevrage, comme de l’impulsivité et un fort désir de sucré.

Le lien entre sucre et troubles psychiatriques

Une consommation élevée de sucre peut également entraîner des inflammations chroniques, qui ont été liées à des troubles psychiatriques tels que la dépression et l’anxiété. Chez certaines personnes dépressives, on observe des inflammations à faible intensité qui persistent, ce qui peut porter atteinte à la régénération des cellules cérébrales.

Par ailleurs, la résistance à l’insuline, souvent causée par une consommation excessive de sucre, impacte également la mémoire et le contrôle de soi. Des études sur des souris ont démontré que celles résistantes à l’insuline montraient des comportements de désintérêt et de manque de motivation.

Le microbiote intestinal sous influence

Le sucre nourrit aussi les bactéries nocives de notre intestin, au détriment des bonnes bactéries qui renforcent notre système immunitaire. La flore intestinale joue un rôle important dans notre santé émotionnelle, car il existe une communication constante entre les intestins et le cerveau via le système nerveux.

Limiter la consommation de sucre

Il est difficile de déterminer la quantité précise de sucre à consommer sans nuire à notre cerveau. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 25 à 50 grammes de sucre par jour, mais en moyenne, nous en consommons près de 100 grammes par jour.

Il serait peut-être sage de reconsidérer le statut du sucre et de le traiter comme un additif plutôt qu’un simple aliment, en imposant des seuils légaux.

En conclusion, le sucre, omniprésent dans notre vie quotidienne, notamment les produits industriels, a un impact profond et souvent méconnu sur notre cerveau. Il est grand temps de prendre conscience de ces dangers et d’agir en conséquence pour préserver notre santé mentale et physique.

Source : ARTE