C’est avéré, le vin bio a le vent en poupe. Les superficies sont en croissance, le nombre de vignerons aussi. Leur volonté commune, respecter l’environnement et faire du bon vin, se traduit pourtant par de nombreuses approches différentes, plus ou moins exigeantes, mais laissant à chacun le loisir d’exprimer une créativité essentielle à l’expressivité des terroirs. Panorama des labels, témoignages et sélections de nos chroniqueurs.
Avec plus de 61?000 hectares en 2011, la France a triplé ses surfaces exploitées en bio ces quatre dernières années pour attendre 7,4?% des vignes. Selon l’Agence bio, le phénomène est encore modeste (4?500 producteurs). Mais l’accélération n’en est qu’à ses débuts?: en 2013, le volume de vin bio devrait doubler par rapport à 2010. Trois vignobles semblent montrer la voie?: le Languedoc-Roussillon, la Provence et l’Aquitaine, où le bio dépasse 10?% des superficies.
Mais qu’entend-on par vin bio?? Au-delà du choix personnel des vignerons qui s’engagent dans une démarche plus respectueuse de l’environnement, une multitude de labels et de logos sont utilisés pour indiquer au consommateur le caractère biologique, biodynamique, naturel ou semi-naturel de leur vin. Tour d’horizon des labels, par degré croissant d’exigence.
Réglementation dernier cru
Jusqu’à peu, seule la méthode de culture du raisin possédait un cahier des charges biologique officiel, on parlait alors de«?vins issus de raisins de l’agriculture biologique?». Depuis le 8?février 2012, des règles de vinification bio communes à l’ensemble des États membres de l’Europe viennent compléter les règles déjà en vigueur pour la viticulture bio européenne. Depuis la vendange 2012, les vins répondant à ces nouvelles règles peuvent ainsi bénéficier de la mention «?vin biologique?».
Côté vigne, le cahier des charges garantit une agriculture respectueuse de l’environnement. La chimie et les produits de synthèse ne sont pour autant pas totalement interdits, l’exemple du sulfate de cuivre (la bouillie bordelaise) autorisé pour lutter contre les champignons parasites (oïdium, mildiou…), étant le plus courant. Côté chai, cette réglementation, que beaucoup qualifient d’a minima, encadre désormais les pratiques œnologiques en cave?: choix des levures qui doivent être bio (micro-organismes qui opèrent la fermentation), limitations d’emploi du dioxyde de soufre (SO2) à des limites encore supérieures à l’usage moyen, d’où une certaine polémique sur l’ambition de ce règlement, interdiction de certaines pratiques (échangeur d’ions…). Pour autant, la panoplie des additifs œnologiques, correcteurs, stabilisateurs, n’est pas interdite.
Certains acteurs de la filière, producteurs comme consommateurs, ne se retrouvent pas dans cette réglementation qui, si elle garantit un certain respect de l’environnement, reste relativement permissive. D’autres pratiques et labels, plus exigeants, se sont développés, partant du principe que le productivisme était incompatible avec l’agriculture durable et la préservation des écosystèmes.