Il n’y aurait pas de lien entre la consommation de graisses saturées et le risque coronarien, mais les acides gras trans augmentent ce risque.
Graisses saturées, insaturées, oméga-3, oméga-6 ou trans, lesquelles sont bonnes ou mauvaises pour le cœur ? D’après un nouvel article paru dans les Annals of Internal Medicine, les liens entre ces graisses et la santé cardiaque sont assez peu clairs ; seuls les acides gras trans devraient formellement être évités.
Les graisses saturées sont souvent accusées d’augmenter le risque de maladie coronarienne. Ces graisses se trouvent surtout dans les produits animaux : beurre, charcuteries, fromage, crème, mais aussi certaines huiles végétales (coco, palme, palmiste). Il est généralement recommandé de remplacer ces graisses animales saturées par des acides gras insaturés : mono ou poly-insaturés.
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Des chercheurs de la British Heart Foundation ont voulu résumer les preuves indiquant une association entre acides gras et risque coronarien. Ils ont recherché des articles sur ce sujet et ont sélectionné : 32 études d’observation pour 530 525 participants sur les acides gras alimentaires, 17 études d’observation avec 25 721 participants sur les acides gras circulant dans le sang et 27 essais contrôlés randomisés avec 103 052 participants sur une complémentation en acides gras.
Résultats : Dans les études d’observation, le risque de maladie coronarienne était augmenté de 2 %, 1 % et 16 % lorsqu’on comparait les 33 % de personnes qui consommaient le plus d’acides gras saturés, oméga-6 et trans respectivement, par rapport aux 33 % qui en consommaient le moins. Le risque diminuait de 1 % et 7 % pour les graisses monoinsaturées et les oméga-3. Les graisses trans sont donc fortement associées au risque de maladie cardiaque. Il s’agit d’acides gras insaturés ayant une configuration spéciale dans l’espace (par opposition aux acides gras cis) et souvent présents dans des produits transformés. De très nombreuses études ont déjà montré que ces acides gras trans sont dangereux.
Concernant les acides gras circulants, le risque augmentait de 6 % pour les graisses saturées et monoinsaturées et de 5 % pour les acides gras trans. Il diminuait de 16 % et 6 % pour les oméga-3 et les oméga-6 respectivement. Dans les essais contrôlés randomisés, le risque relatif de maladie coronarienne était diminué de 3 % pour l’acide alpha-linolénique (oméga-3), 6 % pour les oméga-3 et 11 % pour les complémentations en oméga-6.
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Les auteurs concluent de leur analyse qu’il n’y a pas de preuves claires pour soutenir les recommandations qui encouragent une forte consommation d’acides gras polyinsaturés et une faible consommation de graisses saturées.
Au niveau méthodologique, on peut s’étonner que les auteurs aient comparé les 33% de personnes consommant le plus d’une graisse donnée avec les 33% qui en consommaient le moins : des résultats plus nets auraient peut-être été obtenus en comparant des groupes plus restreints aux deux extrémités de l’échelle de consommation (par exemple les 20% de gros consommateurs avec les 20% de faibles consommateurs).
Notons aussi que plusieurs auteurs ont déclaré des conflits d’intérêt, notamment avec Nestlé (fabricant de produits lactés) et Unilever (producteur de margarines).
Malgré tout, il apparaît bien aujourd’hui que le risque lié aux graisses saturées a été exagéré. Les chercheurs font la distinction entre acides gras saturés à chaînes longues comme l’acide palmitique, qui à dose élevée pourraient être athérogènes, et acides gras saturés à chaînes courtes et moyennes, qui ne le seraient pas. Mais même cette distinction est débattue. Quoi qu’il en soit, ces résultats ne signifient pas pour autant qu’il soit sain de de se gaver de graisses saturées et la British Heart Foundation ne devrait pas modifier ses recommandations. Pour Rajiv Crowdhury, un des auteurs de l’article, il ne faudrait surtout pas remplacer les graisses saturées par des glucides : « Les glucides raffinés, le sucre et le sel sont potentiellement nocifs pour la santé vasculaire. »
Source
Rajiv Chowdhury, Samantha Warnakula, Setor Kunutsor, Francesca Crowe, Heather A. Ward, Laura Johnson, Oscar H. Franco, Adam S. Butterworth, Nita G. Forouhi, Simon G. Thompson, Kay-Tee Khaw, Dariush Mozaffarian, John Danesh, Emanuele Di Angelantonio. Association of Dietary, Circulating, and Supplement Fatty Acids With Coronary Risk: A Systematic Review and Meta-analysis. Annals of Internal Medicine. 2014 Mar;160(6):398-406.
L’important c’est d’avoir une hygiène de vie saine (manger équilibré, faire du sport, éviter de fumer, de consommer de d’alcool…). D’ailleurs, les graisses sont essentielles dans notre alimentation, il faut savoir équilibrer leur consommation. Toutefois les graisses trans sont à bannir car elles sont délétères pour la santé.