Un aliment ancien à la lumière de la science moderne
L’ail, célèbre pour son goût distinctif et son odeur caractéristique, a longtemps été valorisé dans diverses civilisations, notamment chez les Grecs anciens, pour ses vertus médicinales. Aujourd’hui, des recherches récentes continuent de confirmer et d’élargir notre compréhension de ses bienfaits pour la santé, en particulier ses propriétés anticancéreuses. Des études publiées dans Biomedicine and Pharmacotherapy, International Journal of Herbal Medicine et Frontiers in Pharmacology offrent un aperçu approfondi de ses mécanismes d’action contre le cancer, ses effets sur les cellules souches cancéreuses et son potentiel dans la prévention des effets secondaires des traitements classiques.
Des composés phytochimiques puissants contre le cancer
L’ail contient une variété de composés phytochimiques, dont plusieurs ont démontré des effets anticancéreux significatifs. Parmi ces composés, les composés organosulfurés (OSC) jouent un rôle central. Ils se répartissent en deux catégories : ceux solubles dans l’huile et ceux solubles dans l’eau.
Les OSC solubles dans l’huile incluent l’alliine, l’allicine et l’ajoène. L’allicine, en particulier, est produite lorsque l’ail est écrasé ou haché, un processus qui active l’enzyme alliinase, transformant l’alliine en allicine. Ce composé est responsable de l’odeur piquante de l’ail et d’une grande partie de ses propriétés biologiques.
Les OSC solubles dans l’eau, notamment la S-Allylcystéine (SAC) et la S-allylmercaptocystéine (SAMC), dérivés de l’allyl mercaptan et de l’allyl méthyl sulfure, sont également actifs contre le cancer, bien qu’ils soient présents en plus faible concentration. Selon une étude citée : « Le SAC est un composé inodore, stable et soluble dans l’eau dont les effets antioxydants et hypocholestérolémiants ont été démontrés dans des études cliniques. Des résultats antérieurs ont montré que le SAC agit comme un agent efficace contre la progression maligne du carcinome pulmonaire humain non à petites cellules dans des modèles in vitro et in vivo. »
Les mécanismes d’action anticancéreux de l’ail
Les études soulignent l’efficacité de l’ail à différents stades du développement du cancer : initiation, promotion et progression. Ses effets incluent :
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Suppression de la mutagenèse : l’ail aide à prévenir les mutations de l’ADN susceptibles de mener au cancer.
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Neutralisation des radicaux libres : en capturant ces molécules instables, l’ail protège les cellules saines.
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Régulation enzymatique : il influence positivement les enzymes essentielles au métabolisme cellulaire.
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Inhibition du repliement des protéines dans le réticulum endoplasmique : ce processus est souvent perturbé dans les cellules cancéreuses.
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Induction de l’apoptose : l’ail favorise la mort programmée des cellules cancéreuses.
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Renforcement de l’immunité : en rendant les cellules cancéreuses plus détectables par le système immunitaire.
Les chercheurs expliquent : « Lorsque les cellules tumorales se propagent dans l’organisme, le cancer devient plus difficile à traiter. Grâce à ses composés, l’ail peut contribuer à bloquer les voies de signalisation nécessaires à la migration cellulaire et empêcher la propagation des cellules tumorales. »
Cibler les cellules souches cancéreuses pour prévenir les rechutes
Une autre dimension importante des recherches récentes est la capacité de l’ail à cibler les cellules souches cancéreuses (CSC). Ces cellules rares mais puissantes, présentes dans les tumeurs, peuvent se régénérer et se différencier en divers types de cellules cancéreuses. Leur présence est souvent à l’origine des rechutes après traitement.
Une étude parue dans International Journal of Herbal Medicine a testé trois types d’extraits d’ail sur plusieurs types de cancers (sein, foie, prostate, côlon, col de l’utérus). Tous les extraits ont montré un potentiel anticancéreux, mais l’extrait obtenu par évaporation de gousses d’ail fraîches dans l’éthanol (G3) a présenté la plus forte activité.
Les auteurs soulignent : « Les médicaments chimiothérapeutiques finissent par tuer les cellules cancéreuses en épargnant les CSC qui, après un certain temps, peuvent donner naissance à une tumeur à part entière avec un fort potentiel métastatique. »
Réduire les effets secondaires des traitements conventionnels
Outre ses effets directs contre le cancer, l’ail semble aussi atténuer les effets secondaires des traitements. Une revue d’études dans Frontiers in Pharmacology indique que l’ail peut protéger le foie contre les effets toxiques du trioxyde d’arsenic (utilisé dans la leucémie) et du tamoxifène (employé dans le cancer du sein).
Autres bienfaits reconnus de l’ail pour la santé
L’ail ne se limite pas à ses effets anticancéreux. Il présente de nombreuses autres propriétés :
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Antifongique et antibactérien : l’allicine agit contre plusieurs champignons et bactéries, dont Candida albicans, Histoplasma capsulatum ou Staphylococcus.
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Réduction du syndrome métabolique : la consommation de 100 milligrammes d’ail cru écrasé deux fois par jour pendant quatre semaines peut améliorer des facteurs comme la tension artérielle et la glycémie.
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Renforcement de l’immunité : un extrait d’ail vieilli peut réduire les espèces réactives de l’oxygène, contribuant à prévenir les maladies cardiovasculaires.
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Effets anti-inflammatoires : il module la production de cytokines, impliquées dans les réponses immunitaires.
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Protection cardiovasculaire : selon la revue Antioxidants, l’ail peut réduire les risques de pathologies comme l’infarctus, l’hypertension ou les accidents vasculaires cérébraux.
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Effets antidiabétiques : une préparation à base de plantes contenant de l’ail a permis une réduction notable de la glycémie à jeun sur 12 semaines.
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Santé des os et de la peau : l’ail soulage certains symptômes liés à l’arthrose et favorise la cicatrisation.
Ail noir et bienfaits pour le cerveau
L’ail noir vieilli, obtenu après fermentation prolongée des bulbes dans des conditions spécifiques, constitue une alternative douce pour ceux qui redoutent le goût piquant de l’ail cru. Il ne dégage pas d’odeur forte et présente un goût sucré-acidulé.
Une étude animale parue dans Nutrients indique que l’extrait d’ail vieilli (AGE) pourrait améliorer la mémoire à court terme et réduire l’inflammation cérébrale liée à la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs précisent : « Le prétraitement de l’AGE a atténué la déficience de la mémoire de reconnaissance impliquant la mémoire à court terme chez les rats induits par l’Aβ (1-42) … Il est suggéré que les AGE pourraient être un bon aliment complémentaire pour l’amélioration de la fonction cognitive chez les personnes âgées. »
Le composé SAC, particulièrement concentré dans l’ail noir et l’ail vieilli, jouerait un rôle clé dans ces effets neuroprotecteurs. Il contribuerait aussi à :
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Protéger contre les maladies neurodégénératives
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Prévenir les lésions cérébrales ischémiques
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Protéger les neurones contre l’apoptose
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Empêcher la mort cellulaire induite par le stress oxydatif
Comment consommer l’ail pour profiter pleinement de ses bienfaits
Pour maximiser les effets de l’allicine, consommez l’ail cru, haché ou écrasé. Une astuce simple consiste à écraser une gousse avec le dos d’une cuillère avant ingestion. Si son goût ou son odeur vous rebute, mâchez ensuite de la menthe, de la laitue ou des pommes crues.
L’ail noir constitue également une alternative savoureuse et sans odeur.
Source: www.lavieensante.com