Une nouvelle étude laisse entrevoir que le substitut habituel au Bisphénol-A n’est peut-être pas aussi inoffensif que prévu. Pire : il pourrait être encore plus nocif.
Pourrait-on être à l’aube d’un deuxième scandale du Bisphénol? Après l’interdiction de l’utilisation du Bisphénol-A (BPA) dans les biberons en 2010, puis de manière plus générale dans tous les conditionnements à vocation alimentaire en 2012, les consommateurs se pensaient à l’abri des risques sanitaires attribués à ce composé organique (perturbations hormonales entraînant, entre autres, puberté précoce, obésité, diabète, hyperactivité ou encore infertilité). Mais voilà qu’une étude publiée cette semaine par l’Université de Calgary vient rebattre les cartes.
On y apprend en effet que le Bisphénol-S (BPS), produit très largement utilisé en remplacement du BPA, pourrait être aussi, voire même plus nocif que son impopulaire prédécesseur. Et pourtant, l’utilisation de ce substitut suffit aujourd’hui à pouvoir se prévaloir de la mention « sans BPA ».
Mêmes causes, mêmes conséquences
Concrètement, cette nouvelle étude effectuée sur une colonie d’embryons de poissons zèbres montre que les individus exposés au BPS sont sujets aux mêmes altérations du développement cérébral qu’avec le BPA, et peut-être même dans de plus grandes proportions. Cette première étude ne traite pas de l’exposition des jeunes enfants au BPS, mais ses conclusions laissent craindre un nouveau scandale sanitaire, tant son utilisation est démocratisée. Le poisson-zèbre est considéré comme un bon sujet d’étude: son génome est à 80% identique à celui de l’être humain et son développement cérébral au stade embryonnaire suit un schéma très similaire.
“Ces résultats m’ont beaucoup surprise. Nous avons utilisé de très, très, très faibles doses. Je ne pensais pas qu’elles auraient un quelconque effet », a déclaré Deborah Kurrasch, la chercheuse de l’Université de Calgary en charge de l’étude. Si elle précise que de nouvelles études seront nécessaires à la compréhension du lien entre exposition aux différents Bisphénols et développement cérébral, la chercheuse canadienne considère que les femmes enceintes devraient d’ores et déjà limiter leur utilisation de produits contenant le composé organique incriminé. Dans sa version A comme dans sa version S.