Le ministère de l’agriculture vient d’annoncer, dans une note de conjoncture, une baisse des ventes et de la consommation en 2013. La consommation de foie gras en France a baissé de 3%, tandis que son volume d’achat par les ménages ont chuté de 5,6%. La consommation de foie gras est en déclin pour la 3e année consécutive. Les exportations accusent une baisse similaire en 2013.
Cette nouvelle survient dans un contexte de contestation croissante du gavage, en raison des souffrances causées aux canards et aux oies. En décembre dernier, une enquête tournée dans des salles de gavage françaises avait suscité l’indignation dans l’opinion et poussé Joël Robuchon à désavouer son fournisseur de foie gras.
Chute en France et à l’export
La chute des ventes de foie gras se confirme aussi à l’export : le marché de l’Union européenne perd 6% en volume, tandis que les exportations vers l’Espagne, principal client de la France, dégringolent de 17%. Toutes régions du monde confondues, les volumes des exportations françaises de foie gras ont chuté de 2,6%.
Ces chiffres vont à l’encontre de l’annonce d’une tendance positive « malgré la crise » faite fin décembre par le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog).
Même si elles concernaient de petits volumes, les exportations vers l’Inde seront désormais réduites à zéro : depuis le 3 juillet 2014, l’Inde est devenue le 1er pays au monde à interdire les importations de foie gras sur son territoire.
L’enquête qui a embarrassé la filière
Pour Brigitte Gothière, porte-parole de L214, « l’industrie du foie gras peine à entretenir ses mythes. Les apparences ne suffisent plus. La transparence et l’acceptabilité des méthodes de production font partie des critères de choix d’un nombre croissant de consommateurs, ce qui met foie gras hors-jeu. »
En novembre dernier, L214 avait révélé une enquête tournée dans des salles de gavage sous contrat avec la société Ernest Soulard. Des canards immobilisés nuit et jour dans des cages individuelles métalliques y étaient gavés à la chaîne et à la pompe hydraulique. Les images montraient des animaux blessés, peinant à respirer, souffrant d’infections, agonisant ou morts dans leur cage.
Cette enquête avait convaincu le chef Joël Robuchon de suspendre ses relations commerciales avec la société, et avait contraint la porte-parole du Cifog à déclarer « On est peut-être allé trop loin ». Le chef britannique Gordon Ramsay avait pris la même décision tandis qu’au Danemark le médiatique chef Thomas Rode avait décidé de rayer définitivement le foie gras de sa carte.
Le foie gras contesté au parlement européen
L’image du foie gras s’érode aussi dans la sphère politique : début juillet, un cadeau contenant du foie gras offert aux eurodéputés par des représentants de la ville de Strasbourg a suscité une désapprobation au sein de plusieurs groupes politiques. Quatorze élus du groupe Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique ont renvoyé le cadeau au nom du bien-être animal, tandis que la député écologiste Heidi Hautala s’est filmée rapportant les terrines au foie gras à leur expéditeur pour le groupe Verts/ALE. Dans un billet publié sur son site, elle déclare que les Verts sont « définitivement contre la cruauté de la production de foie gras ».