Pour la réouverture de son restaurant, Alain Ducasse annonce qu’il retire la viande du menu du Plaza Athénée. Un choix largement applaudi et résolument dans l’air du temps. En effet, la viande, particulièrement la viande rouge, attire de moins en moins le consommateur. Néanmoins, le Belge en consomme plus de deux fois trop.
Un constat dressé cet été par Statbel faisait état d’une diminution de 22 % de la consommation de bœuf par rapport à 2005. Une tendance similaire, bien que moins marquée, affecte la viande de poulet (-16 % en 8 ans) et celle de porc (-8 % entre 2005 et 2013).
Cela n’empêche, en 2013, le Belge a tout de même consommé 50 kg de viande, soit presque un kilo par semaine. Parmi ceux-ci, on retrouve 640 grammes de viande rouge. Par cette appellation, les experts entendent « toutes les viandes (même le porc), à l’exception de la volaille. »
Cela équivaut au double de la dose hebdomadaire idéale préconisée par le Conseil Supérieur de la Santé. « D’un point de vue quantitatif, il est indiqué de ne pas dépasser 500 g/semaine pour un individu qui mange de la viande rouge et consommer peu, voire pas du tout, de charcuteries à base de viande rouge. Si cette limite supérieure était appliquée par les consommateurs de viande et tenant compte des variations dans la consommation de viande entre différentes personnes et pour une même personne d’un jour à l’autre, on pourrait ainsi atteindre une consommation moyenne de viande rouge, au niveau global de la population, n’excédant pas 300 g /semaine /personne ». Cette modération dans la consommation de viande rouge s’accompagnerait d’une diminution de 20 % du risque de cancer colorectal. Ce cancer est la troisième cause de décès par cancer en Belgique, et la deuxième pour les non-fumeurs.
« Chez certaines personnes plus faibles, comme les enfants, les femmes avant la ménopause ou durant les menstruations ainsi que les personnes âgées, consommer deux fois par semaine 150 grammes de viande rouge représente une source précieuse de fer. Le message n’est donc pas d’arrêter toute consommation de viande rouge, mais bien d’opter pour la modération », explique le Pr émérite Guy Maghuin-Rogister (Université de Liège), vice-président du groupe de travail nutrition, alimentation et santé au Conseil Supérieur de la Santé (CSS). Cet organisme conseille « de consommer deux fois du poisson par semaine, de varier les menus végétariens ainsi que ceux comprenant de la viande blanche. »
En effet, la clé d’une bonne santé réside dans une alimentation variée et équilibrée. « La consommation de poissons sera privilégiée par rapport à celle de viandes. »
Nocif pour la santé, l’excès de viande rouge l’est également pour l’environnement et participe au réchauffement du climat. Ainsi, dans son dernier rapport, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) tirait la sonnette d’alarme : l’élevage mondial à vocation de viande rejette 7,1 gigatonnes d’équivalent CO2 par an. Cela équivaut à 14,5 % des émissions liées aux activités humaines.
L’élevage bovin est le plus polluant. La production de viande contribue à 41 % des émissions, tandis que celle de lait induit 19 % du total des émissions.
A titre de comparaison, la viande porc, la volaille (et les œufs) émettent bien moins de gaz à effet de serre, avec respectivement 9 % et 8 % du total des GES issus de l’élevage.
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