Longtemps considérées comme des thérapies alternatives, l’acupuncture, la phytothérapie, le massage ou le qi gong ont désormais leur place à l’hôpital dans le traitement des cancers. Normal : ces pratiques, issues d’une médecine ancestrale éprouvée, complètent bien l’approche allopathique.
Avant, c’était comme deux mondes qui s’ignoraient. Les patients qui consultaient les médecins traditionnels chinois pour vaincre l’insomnie ou l’asthme n’en parlaient pas forcément à leur généraliste. Les médecins occidentaux, occupés à juguler les maladies avec des prescriptions médicamenteuses, n’entendaient rien à l’approche énergétique de leurs homologues asiatiques, qui s’appuient sur des techniques diverses : l’acupuncture, la phytothérapie, la pratique d’exercices (qi gong et tai-chi-chuan) ou des massages de type shiatsu ou tui na. Désormais, l’heure est à l’alliance officielle. Et ce sont les médecins occidentaux qui font appel à leurs collègues chinois au sein même de la rigoureuse institution hospitalière. Cette reconnaissance, c’est à l’ennemi numéro un de la science que les médecins chinois la doivent : le cancer. D’origine multifactorielle, le plus souvent longtemps invisible, se présentant sous des formes diverses, cette pathologie encore incompréhensible – les cellules cancéreuses ont la particularité de ne pas « mourir » normalement – a amené les grands services hospitaliers occidentaux à un profond sentiment d’im- puissance, et ce même si d’immenses progrès permettent de dire aujourd’hui qu’on peut guérir du cancer.
De nouveaux soins de support
Le professeur David Khayat, qui vient de publier Prévenir le cancer, ça dépend aussi de vous (Odile Jacob, 2014), est l’un des premiers à avoir acté cette alliance, notamment en intégrant très tôt un acupuncteur dans son service d’oncologie de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Désormais, l’acupuncture fait partie – avec les massages et l’homéopathie – des soins de support recommandés et proposés gratuitement aux patients, sans distinction, via la fondation Avec que préside le professeur. L’offre en acupuncture existe aussi à Georges-Pompidou, Saint-Louis et Henri-Mondor, à Paris, ainsi qu’au Centre de lutte contre le cancer Gustave-Roussy, à Villejuif (94). Dans les CHU de province, ce sont parfois des structures associatives indépendantes qui interviennent à l’hôpital.
Qui contacter?
On peut aussi s’adresser à l’Association française d’acupuncture (acupuncture-france.com). Elle regroupe des médecins qui maîtrisent la médecine chinoise, ont le droit de pratiquer l’acupuncture et, le plus souvent, connaissent la phytothérapie.
Une vision holistique de la maladie
Acupuncture, qi gong, massage… Quelles qu’en soient les formes, c’est l’approche de la médecine chinoise dans sa globalité qui, peu à peu, s’est imposée aux cancérologues occidentaux. Dazhao Lin, médecin traditionnel exerçant à Rennes, l’affirme : « Aujourd’hui, les collègues généralistes et hospitaliers m’adressent au moins trois ou quatre nouveaux malades par semaine. Les temps changent ! Parmi mes consultations, il y a de plus en plus de personnes qui viennent d’équipes médicales pour interroger la médecine chinoise : cardiologue, chirurgien, dentiste, pharmacien, kinésithérapeute, infirmier… »
L’acupuncture a indéniablement été le fer de lance de cette entrée officielle dans le monde allopathe, notamment en prouvant son pouvoir antalgique… chez les soignants eux-mêmes ! En 2010, le tout nouveau Centre intégré de médecine chinoise de la Pitié-Salpêtrière ou CIMC a mené une étude sur les effets de l’acupuncture auprès des infirmières souffrant de mal de dos. Elle a confirmé le pouvoir thérapeutique des aiguilles, élaborant ainsi un « formidable argument en faveur de cette pratique traditionnelle à l’hôpital, se félicite encore Alain Baumelou, néphrologue et directeur du CIMC. D’autant plus que les infirmières décidèrent de conforter l’expérience en pratiquant régulièrement le qi gong ».
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