La concentration de mercure dans les océans a triplé en 100 ans. Or ce métal se retrouve ensuite dans nos assiettes, non sans risque pour notre santé.
Dans les océans, la concentration de mercure a triplé depuis le début de la révolution industrielle, selon une étude franco-américaine publiée dans Nature. En cause : les activités humaines comme la pétrochimie et l’exploitation minière.
Les eaux profondes de l’Atlantique Nord sont particulièrement touchées, selon les auteurs. Ainsi, à 5.000 mètres de profondeur, la pollution engendrée par l’homme il y a plus de 100 ans continue à s’accumuler dans la chaîne alimentaire océanique. Jusqu’à se retrouver dans nos assiettes.
Deux tiers du mercure dans les 1.000 premiers mètres
Entre 2006 et 2011, cette équipe de chercheurs, dont fait partie Lars-Eric Heimbürger du Laboratoire Géosciences Environnement de Toulouse, a prélevé des milliers de litres d’eau lors de huit campagnes océanographiques réalisées tout autour du globe.
POLLUTION. Elle a ainsi constaté des teneurs en mercure anormalement élevées dans les eaux de surface et dans les eaux profondes de l’Atlantique Nord, en comparaison avec la concentration relevée dans l’Atlantique Sud, dans l’océan Antarctique (encore appelé « océan Austral ») et dans l’océan Pacifique.
« L’ampleur de la pollution anthropique au mercure dans les océans est estimée à 290 millions de moles (soit 58.000 tonnes de mercure), dont près des deux tiers résident dans les mille premiers mètres de profondeur », résument-ils dans leur publication.
PREMIÈRE. Des résultats majeurs pour la communauté scientifique. « Bien que plusieurs modèles informatiques ont déjà estimé la quantité de mercure dans l’océan, c’est la première étude qui fournit les mesures de concentration du mercure en fonction de la profondeur et des zones géographiques », commente la journaliste scientifique Anne Casselman dans un article publié dans Nature.
Le mercure est toxique pour le système nerveux
PRÉDATEURS. Le mercure, sous sa forme organique appelée « méthylmercure », se loge dans les chairs des poissons. Et à chaque fois qu’un poisson en mange un autre, la teneur en méthylmercure s’accumule. Résultat : les plus grands prédateurs des mers, les thons, requins et autres espadons présentent les plus hauts taux de contamination.
Or à haute dose, le méthylmercure est toxique pour le système nerveux central de l’homme, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance, indique l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) sur son site internet. Cette substance peut ainsi provoquer des troubles comportementaux légers ou des retards de développement chez les enfants.
RISQUE. Court-on actuellement un risque à manger régulièrement du poisson ? Non selon l’Anses qui estime à ce jour que la consommation de poissons « ne présente pas de risque pour la santé au regard du risque lié au méthylmercure ». Car l’apport de la population en méthylmercure est inférieur à la dose journalière tolérable définie par l’Organisation Mondiale de la Santé.
La dose journalière tolérable est la quantité de substance qui peut être quotidiennement ingérée par le consommateur sans effets néfastes pour sa santé.