Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées), une famille de produits chimiques inventée par l’homme, sont devenus omniprésents dans notre environnement. Utilisés massivement par l’industrie depuis les années 1950, ces composés se retrouvent dans de nombreux produits du quotidien : poêles antiadhésives, vêtements résistants à l’eau, cosmétiques, et même dans certains équipements de lutte contre les incendies. Cependant, ces substances, qui ont des propriétés uniques telles que la résistance à la chaleur et à l’eau, présentent des risques sanitaires graves et durables. Cet article explore les impacts des PFAS sur la santé humaine et l’environnement, ainsi que les responsabilités des industriels.
Les PFAS, une pollution indestructible
Les PFAS sont des composés chimiques particulièrement stables, ce qui leur permet de résister aux processus naturels de dégradation. Cette résistance a conduit à leur surnom de « polluants éternels ». Une fois libérés dans l’environnement, ils peuvent s’infiltrer dans l’eau potable, les sols et même les aliments que nous consommons. Leur persistance les rend pratiquement indestructibles, ce qui fait d’eux une menace pour la santé publique. De plus, même si certaines formes de PFAS ont été interdites, elles ont souvent été remplacées par des substances similaires, tout aussi nocives.
Des effets sanitaires alarmants
De nombreuses études scientifiques montrent que l’exposition aux PFAS peut entraîner de graves problèmes de santé. Des effets ont été observés dès la grossesse, avec une réduction de la taille des fœtus. Par la suite, ces substances peuvent altérer le développement cérébral des enfants et provoquer des dérèglements du système immunitaire, augmentant la vulnérabilité aux maladies. Chez les adultes, les PFAS sont associés à des maladies cardiovasculaires, à l’hypertension, et même à certains cancers, notamment des testicules et de la thyroïde. Une méta-analyse a démontré que 100 % des adultes et enfants français testés avaient des PFAS dans leur sang.
Exposition avant même l’usage domestique
Il est désormais évident que la contamination ne survient pas uniquement lorsque nous utilisons des produits contenant des PFAS, comme les poêles antiadhésives. En réalité, la majorité de notre exposition se produit en amont, lors de la fabrication de ces produits. Les usines relâchent des PFAS dans l’air et l’eau, qui se retrouvent ensuite dans nos nappes phréatiques, rivières et aliments. L’usine Arkema à Pierre-Bénite, l’un des principaux sites de production de PFAS en France, en est un exemple emblématique. Les habitants vivant à proximité de cette usine sont particulièrement touchés, avec des taux de PFAS très élevés dans leurs organismes.
La dissimulation des industriels
Les industriels, conscients des dangers des PFAS depuis plusieurs décennies, ont tout fait pour retarder les régulations et continuer à commercialiser ces produits. Des documents internes révèlent que dès 1961, des chercheurs de la société américaine DuPont avaient identifié que le Téflon, contenant des PFAS, provoquait une augmentation de la taille du foie chez les rats, et ce, même à faible dose. Pourtant, au lieu de retirer le produit du marché, ils ont cherché à dissimuler ces informations. Il en est de même pour Arkema en France, qui a été accusé d’avoir bloqué des prélèvements avant une inspection officielle.
L’insuffisance des régulations
En France, la régulation des produits chimiques est lente et complexe. Il peut falloir des décennies pour interdire une substance jugée dangereuse, tandis que les industriels continuent de trouver des alternatives chimiques qui échappent temporairement aux interdictions. Les mesures actuelles pour limiter l’usage des PFAS sont largement insuffisantes face à l’ampleur de la contamination. Les États-Unis ont interdit certaines formes de PFAS, mais les industriels ont simplement modifié la composition chimique pour créer de nouveaux composés similaires.
Vers une interdiction des PFAS ?
Face à cette crise, certains pays commencent à prendre des mesures plus radicales. Le Danemark et la Nouvelle-Zélande, par exemple, ont interdit l’utilisation des PFAS dans plusieurs produits. En France, le député Nicolas Thierry milite pour une interdiction totale de ces substances. Il met en avant l’idée de l’« usage essentiel », qui consiste à déterminer si certaines applications des PFAS sont vraiment nécessaires, notamment dans les cosmétiques et les emballages alimentaires. Une taxe sur les industries polluantes est également proposée pour financer la dépollution des zones contaminées.
Les alternatives aux PFAS
Bien que certaines industries prétendent qu’il n’existe pas d’alternatives viables aux PFAS, ce n’est pas le cas. Il existe déjà des produits de substitution pour certaines applications, comme les cosmétiques ou les vêtements imperméables. Cependant, la transition vers des solutions moins nocives est ralentie par les intérêts financiers des industriels. La question reste ouverte : jusqu’à quel point sommes-nous prêts à sacrifier notre santé et notre environnement pour des commodités comme les poêles antiadhésives ou des vêtements résistants à l’eau ?
Conclusion
Les PFAS représentent un problème de santé publique majeur et un exemple flagrant des défaillances des systèmes de régulation. Bien que des progrès aient été réalisés dans certains pays, il reste encore beaucoup à faire pour protéger les populations contre cette contamination invisible mais omniprésente. La prise de conscience collective et la pression citoyenne sont des éléments clés pour faire avancer la législation et responsabiliser les industriels face à leurs actes.
Source : Avant l’orage