Une plante africaine contre les maladies d’Alzheimer et de Parkinson

parkinson-alzheimerUtilisée depuis des décennies par les guérisseurs traditionnels, cette plante aurait aussi des propriétés pharmaceutiques pour soigner les suites d’AVC.

Au large du Gabon, dans le golfe de Guinée, l’archipel de Sao Tomé-et-Principe est un des plus petits d’Afrique – moins de 200 000 habitants -, constitué de deux îles principales. Cette ancienne colonie portugaise isolée du continent africain abrite une biodiversité unique, au niveau tant de la faune que de la flore. Une richesse qui intéresse de près les scientifiques et qui pourrait s’avérer un formidable espoir pour les patients atteints de troubles neurodégénératifs tels que la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson.

Depuis des siècles, les guérisseurs locaux prescrivent des feuilles et de l’écorce d’un arbuste local, le Voacanga africana, pour diminuer l’inflammation et soulager les troubles mentaux. Le pouvoir de ces plantes pourrait bien dépasser les croyances locales. En effet, les scientifiques du Salk Institute for Biological Studies, un centre de recherche américain, ont découvert qu’un de ses composés semble protéger les cellules des altérations liées à la maladie d’Alzheimer, de Parkinson et à la dégénérescence consécutive aux AVC. Les résultats viennent d’être publiés cette semaine dans le Journal of Ethnopharmacology.

Neuro-protecteur et anti-inflammatoire

En collaboration avec les guérisseurs traditionnels locaux, les scientifiques ont étudié trois espèces de plantes de la petite île africaine qui auraient, d’après les praticiens, des effets sur le système nerveux. L’équipe a testé chaque échantillon avec des cellules humaines et des cellules de souris pour évaluer leur impact sur la neurodégénérescence. Les chercheurs ont notamment testé la capacité des extraits végétaux à protéger les cellules du stress oxydatif, un processus en cause dans les dommages sur l’ADN et la neurodégénérescence liée à l’âge. Ils ont également évalué les propriétés anti-inflammatoires des composés et mesuré la capacité des végétaux à bloquer l’accumulation de peptides bêta-amyloïdes dans les neurones, un phénomène lié à la maladie d’Alzheimer.

Les chercheurs avouent avoir été très surpris par la puissance de ces premiers essais. Une plante a en particulier attiré leur attention : le Voacanga africana, un arbuste local dont les premiers résultats se sont avérés particulièrement prometteurs, même à de faibles doses. L’effet anti-inflammatoire et neuro-protecteur de cette plante est essentiellement lié à une molécule, la voacamine, un alcaloïde puissant. Ce composé spécifique laisse présager un potentiel pharmacologique pour traiter la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou les suites d’AVC.

Eldorado végétal

Le Voacanga africana est un petit arbre d’Afrique qui peut atteindre six mètres et dont les différentes parties (écorce, graines, feuilles) sont la base d’un grand nombre de remèdes traditionnels dans plusieurs pays d’Afrique. Il est notamment utilisé contre l’hypertension, les oedèmes, et apprécié pour ses vertus calmantes, aphrodisiaques, voire pour les expériences visionnaires de certains sorciers africains ! Ses différents composés actifs intéressent de près les scientifiques et ont déjà été étudiés par l’industrie pharmaceutique, notamment pour certaines pathologies cardiaques. Est-ce que l’arbuste de Sao Tomé-et-Principe offrira plus que ses congénères d’autres régions ? L’étude ne le dit pas, mais les scientifiques vont poursuivre leurs investigations et espèrent découvrir d’autres trésors dans cet eldorado végétal reconnu dans le monde entier pour sa pharmacopée.

Plus de 100 espèces de plantes sont en effet exclusives à ce pays. Alors que les savoirs des guérisseurs traditionnels menaçaient de s’éteindre faute de transmission orale aux jeunes générations, une ethnobotaniste portugaise, Maria do Céu Madureira, a rassemblé durant vingt ans ces connaissances, qui ont été publiées dans un recueil rassemblant des informations sur 325 plantes et plus de 1 000 recettes médicinales issues d’une quarantaine de guérisseurs, sages-femmes et grands-mères « respectées ». Ces connaissances empiriques sont vérifiées aujourd’hui en laboratoire. Certaines plantes s’annoncent ainsi prometteuses contre le paludisme ou des champignons comme le Candida albicans, ou encore contre des bactéries, voire des tumeurs ; d’autres semblent avoir des propriétés antihistaminiques, antidiarrhéiques, analgésiques ou sédatives… Ce travail sert aujourd’hui de base aux scientifiques pour développer leurs recherches sur les médicaments de demain.

Le potentiel thérapeutique des plantes à travers le monde est tel (plusieurs centaines de milliers restent à étudier) que la meilleure approche consiste à partir des connaissances traditionnelles, reconnaissent les chercheurs. Sans piller les ressources locales, mettent en garde certains…

Sources:
www.lepoint.fr
www.humanite-biodiversite.fr