Pour l’association Robin des Bois, la source de pollution, à Fukushima, n’a pas été totalement neutralisée© PHOTO AFP TORU HANAI
La pollution de l’eau de mer en provenance de Fukushima pourrait atteindre les côtes américaines – Hawaï puis la Californie – d’ici les prochaines semaines, annonce une simulation mise en ligne par la Woods Holes Oceanographics Institution, relayée notamment par le site SurferToday.com. Une situation préoccupante pour toutes les association écologistes, soucieuses de la préservation des océans. Pour Jacky Bonnemans, président de l’association Robins des Bois, le danger réside ailleurs, dans la contamination de la chaîne alimentaire.
Les courants contaminés par Fukushima vont toucher les côtes américaines. Etait-ce anticipé ?
Cette contamination sera comparable à la celle datant de 1960, après une longue série d’essais nucléaires américains et soviétiques.
Jacky Bonnemains. Oui. Et c’est bien la pollution de l’Océan Pacifique qui est en jeu. L’article parle de la teneur éléments radioactifs dans l’eau de mer. Cette teneur, notamment en Césium 137, dont la signature est celle du Césium de Fukushima, va augmenter et culminer en quelque sorte sur les côtes californiennes en 2014.
Il y avait déjà dans les revues spécialisées des travaux de modélisation sur la distribution du Césium 137 de Fukushima. Ils mettent en évidence une diffusion progressive, qui à partir de 2012-2013 s’étend dans le Pacifique nord, puis en 2014-2015 atteint clairement les eaux de Californie.
Ces mêmes projections montrent qu’en plusieurs phases, en 2021, 2026, 2031, ce sera tout l’Océan pacifique qui sera marqué par le Césium 137. Les articles disent que cette contamination, quand elle sera uniforme, sera comparable à la contamination datant de 1960, après une longue série d’essais nucléaires américains et soviétiques.
Cette diffusion est donc particulièrement préoccupante ?
Oui. Mais au-delà de ça, et avant ça, il y a le problème de la contamination des poissons dans l’océan pacifique. De nombreux prélèvements ont été effectués. Au milieu d’eux, des algues, du wakamé, des algues comestibles, des oursins, des saumons, des anchois, des sardines, une raie, des morues, un thon rouge analysés fin 2013 ont présenté des taux importants de Césium 137. On ne peut pas parler de toute la population, ni dans son ensemble, ni au sein chaque espèce. Mais force est de constater qu’il y a de plus en plus de spécimens analysés contaminés. Notamment un bar, en juin 2013, dont la teneur mesurée était de 1000 bq par kilo ! Quand la teneur maximale admissible est de 100 bq par kilo.
Le véritable danger serait donc pas la pollution de l’eau elle-même ?
Exactement. La teneur en Cs 137 de l’eau de l’Océan Pacifique est préoccupante. Mais le danhger réside bien dans la concentration de la radioactivité dans certains organismes marins tout au long de la chaîne alimentaire.
Il va y avoir concentration de la radioactivité dans les derniers maillons de la chaîne alimentaire, pêchés et consommés par l’homme.
Cela commence par les organismes de fond, donc les benthiques, les mollusques, les oursins, certaines algues, les poissons plats qui vivent sur les fonds. Quand on suit les étapes de la chaîne alimentaire, on trouve ensuite les poissons herbivores, comme les sardines, qui mangent du plancton contaminé. Et ensuite les thons, poissons carnivores, qui vont manger les poissons contaminés par le plancton.
Et au bout du compte, il va y avoir concentration de la radioactivité dans ces derniers maillons de la chaîne alimentaire. Notamment dans les poissons carnivores comme les saumons ou les thons, pêchés et consommés par l’homme. Le problème est le même pour les mammifères marins, même s’ils ne sont pas consommés, et pour revenir au fond de la mer, avec les crustacés.
Les poissons ne connaissent pas les frontières administratives.
Les poissons migrent, ils ne connaissent pas les frontières administratives. Les sardines, qui voyagent beaucoup, mais aussi les thons et les saumons qui sont de grands migrateurs. On peut ainsi se retrouver avec un thon fortement contaminé par Fukushima en mangeant du poisson à San Diego en Californie, parce qu’il aura été pêché par des pêcheurs américains et qu’il n’y a pas de contrôle systématique. Il n’y en a pas assez à notre avis.
Les professionnels américains sont-ils suffisamment informés ?
Les autorités américaines ont fait paraître en 2013 un document analysant les implications pour les produits de la mer consommés aux Etats-Unis, sur la côte pacifique. Ils estiment que les pêcheries américaines ne sont pas directement affectées par la radioactivité de Fukushima en raison de la dilution de la pollution avant son arrivée sur les côtes américaines.
Des pêcheurs américains peuvent débarquer des thons contaminés. Il n’y aura pas marqué dessus « on vient de Fukushima ».
Dans le même temps, ils reconnaissent qu’une vigilance spécifique doit être exercée sur les produits de la mer, notamment au niveau du Césium 137, qui migre à travers la chaîne alimentaire et se concentre dans les muscles des poissons, mais aussi du Strontium 90, qui lui se fixe les arêtes des poissons. Ils affirment aussi qu’il faut être relativement vigilant sur les coquillages et les poissons benthiques. Ils reconnaissent enfin que certains poissons – notamment des anchois et des sardines –se sont révélés contaminés, mais rappellent qu’on ne peut dire pour autant que tous les individus de cette espèce soient atteints.
Ils commettent cependant une erreur en faisant porter leur surveillance sur les produits importés du Japon. Il n’y a certes trop peu de contrôles, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, sur les produits importés de la mer du Japon. Mais les poissons sont migrateurs. Ils ne demandent pas l’autorisation à l’administration américaine de transiter par les eaux californiennes. Des pêcheurs américains peuvent très bien débarquer dans les ports américains des thons contaminés. Il n’y a pas marqué dessus « on vient de Fukushima ».
Sans doute estiment-ils que la radioactivité issue de Fukushima va décroître dans le temps ?
Cette contamination ne va avoir qu’une seule tendance dans les prochaines années : l’augmentation. Les thons sont des poissons qui peuvent vivre jusqu’à 30 ou 40 ans. Ils ont tout le temps de concentrer les produits radioactifs en mangeant des petits poissons qui eux-mêmes ont mangé du plancton radioactif. Il ne faut surtout pas oublier, par ailleurs, que les rejets n’ont pas cessé à Fukushima. Ils sont diffus, plus ou moins contrôlés, plus ou moins connus. Mais la catastrophe n’est pas arrêtée. La source n’est pas neutralisée. Cela continue.
Cette contamination ne va avoir qu’une seule tendance dans les prochaines années : l’augmentation
Les lobbies américains ne vont-ils pas être tentés d’étouffer l’information…
De l’étouffer, non. Mais de la banaliser, oui. Je vois d’ici l’industrie de la pêche arguer que les taux sont, sauf exception, augmentent, mais ne sont pas supérieurs aux normes admissibles et il n’y a pas de danger pour le consommateur. Je ne sais pas combien de temps ce raisonnement pourra tenir. Tout le monde sait que la contamination des poissons carnivores va augmenter d’une manière inéluctable durant un certain nombre d’année.
Il y a donc des inquiétudes à avoir en termes de sécurité alimentaire ?
Effectivement. Pas en Europe, a priori, sauf à ce qu’il y ait déficience au niveau des produite d’importation. Mais le risque est réel pour les populations riveraines de l’océan pacifique, qui consomment pour certaines beaucoup de poisson, et qui peuvent ne pas être suffisamment informées, tout en étant dépendante d’un régime à base de produits de la mer. On pense à l’Alaska, mais aussi aux pays du Pacifique Sud comme l’Indonésie ou les Philippines…
On ne va pas évidemment prétendre qu’un touriste qui va manger un thon légèrement impacté par les radiations de Fukushima durant ses vacances à San Diego va immédiatement et à coup sûr développer une pathologie. Nous parlons là de cohortes bien plus exposées : pêcheurs professionnels ou pêcheurs à pieds, leurs familles… Ces consommateurs là, s’ils ne sont pas surveillés, s’ils ne sont pas informés, s’il n y’a pas des contrôles prouvant que ce qu’ils mangent n’est pas contaminé au-delà des normes admissibles, risquent au bout de plusieurs années, de développer des maladies graves comme des leucémies ou des cancers. En particulier les personnes les plus vulnérables, dont les enfants ou les gens plus fragile, dont le système immunitaire est déjà menacé par d’autres problèmes.
Source: Sud Ouest
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