Se réveiller en pleine nuit pour uriner, particulièrement vers 3 heures du matin, est une situation courante que de nombreuses personnes connaissent. Ce phénomène peut être lié à plusieurs raisons telles que la consommation excessive de liquides avant le coucher, des conditions médicales comme le diabète, l’insuffisance cardiaque congestive, des problèmes de rythme circadien, une hypertrophie de la prostate chez les hommes ou une vessie hyperactive chez les femmes. Cependant, le Dr Steven Park, spécialiste ORL et expert en médecine du sommeil, présente une cause souvent négligée : les troubles respiratoires du sommeil.
Le rôle de l’apnée du sommeil dans la production nocturne d’urine
L’apnée obstructive du sommeil est une condition sous-diagnostiquée où les personnes cessent de respirer à plusieurs reprises pendant la nuit en raison de l’obstruction de leur gorge. Chaque fois que cela se produit, la personne essaie de respirer contre une gorge fermée, créant une pression négative dans la cavité thoracique. Cette situation déclenche une réponse de l’organisme où le cœur libère une hormone, appelée peptide natriurétique auriculaire (ANP), qui indique aux reins de produire plus d’urine. Ce processus réduit le volume sanguin, mais entraîne une production accrue d’urine, contribuant ainsi à des réveils nocturnes fréquents pour uriner.
La relation entre le sommeil paradoxal et les réveils nocturnes
Les épisodes d’apnée se produisent souvent pendant les phases de sommeil paradoxal, où le corps est totalement relâché, à l’exception des muscles oculaires et du diaphragme. Le premier cycle de sommeil paradoxal commence environ 90 à 120 minutes après l’endormissement, et ces cycles se répètent tout au long de la nuit à des intervalles similaires. Plus la nuit avance, plus les périodes de sommeil paradoxal deviennent longues, atteignant leur pic aux alentours de 3 heures du matin. Cela coïncide souvent avec le moment où la vessie, après avoir produit de petites quantités d’urine tout au long de la nuit, devient suffisamment remplie pour provoquer un réveil.
L’influence de la diminution de l’envie de sommeil
Un autre facteur clé est la baisse progressive de la « pulsion de sommeil » tout au long de la nuit. L’adénosine, une substance qui s’accumule dans le cerveau pendant la journée et favorise l’endormissement, diminue pendant le sommeil. Ce phénomène, combiné à une vessie plus pleine et à des périodes prolongées de sommeil paradoxal, augmente la probabilité de réveil vers 3 heures du matin.
Les dangers des réveils nocturnes fréquents
Le Dr Park souligne que se réveiller deux fois ou plus par nuit pour uriner peut être un signe alarmant. Une étude publiée en 2011 dans le Journal of Urology montre que les jeunes hommes de 20 à 40 ans qui se réveillent fréquemment ont un risque de mortalité augmenté de 2,5 fois. De plus, chez les femmes post-ménopausées, ce risque est doublé. Ces réveils sont souvent liés à une apnée du sommeil non traitée, qui peut entraîner des complications graves telles que des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, des cancers ou des accidents de la route.
Le syndrome de résistance des voies aériennes supérieures (SRVAS)
Même sans apnée complète, certaines personnes, y compris des femmes minces et non ronfleuses, peuvent souffrir du syndrome de résistance des voies aériennes supérieures (SRVAS). Cette condition, bien que moins grave que l’apnée, provoque des épisodes où la respiration est partiellement bloquée, mais sans arrêt complet. Cela peut entraîner des symptômes similaires, tels que la production accrue d’ANP et des réveils nocturnes pour uriner.
Cas d’étude : Le lien entre le régime alimentaire et les troubles du sommeil chez un enfant
Le Dr Park partage l’histoire d’un garçon de 6 ans souffrant de ronflements et d’énurésie nocturne (pipi au lit). Contrairement aux attentes des parents, il n’a pas prescrit de chirurgie des amygdales, mais a recommandé de supprimer la consommation de glace avant le coucher et d’adopter un dîner plus tôt sans collation. En deux mois, l’énurésie a cessé, le comportement de l’enfant s’est amélioré à l’école et ses amygdales ont même rétréci.
Recommandations pour réduire les réveils nocturnes
Pour ceux qui souffrent de réveils nocturnes fréquents, le Dr Park suggère de commencer par éviter de manger dans les trois à quatre heures avant de se coucher et de s’assurer de bien respirer par le nez pour éviter d’ouvrir la bouche pendant la nuit. Si ces méthodes ne fonctionnent pas, il conseille de consulter un spécialiste du sommeil pour examiner l’éventualité d’un trouble respiratoire du sommeil.
Source : Doctor Steven Park