Vous prendrez bien une tasse de plomb ?

Une étude révèle la présence excessive de métaux toxiques dans la plupart des thés, particulièrement nocifs pour les femmes enceintes ou qui allaitent.

De l’aluminium, de l’arsenic et du plomb dans le thé ! C’est ce que révèlent des chercheurs canadiens de l’université d’Alberta qui ont mesuré la teneur en métaux lourds de trente thés de toutes sortes – Oolong, noirs, verts, blancs, biologiques ou non – trouvés en supermarché comme en boutique diététique. Pour autant, pas de quoi s’inquiéter ni s’intoxiquer… sauf pour les femmes enceintes ou qui allaitent.

Sept thés sur dix contiendraient en effet trop de plomb pour les femmes enceintes. Infusés trois à quatre minutes, 73 % ont des concentrations supérieures aux recommandations pour les femmes enceintes ou allaitantes. Infusés quinze minutes, ils sont alors 83 % à être impropres à la consommation des futures mamans. Ainsi boire trois ou quatre tasses de thé par jour pour une femme enceinte ou allaitant entraînerait un excès de plomb pour le bébé, véritable poison pour son cerveau. Un enfant ou un foetus est proportionnellement plus vulnérable au plomb qu’un adulte, d’autant que son système nerveux est en plein développement et qu’il a une absorption gastro-intestinale plus importante.

Le plomb, un fléau de santé

Une concentration excessive de plomb dans une boisson aussi répandue que le thé a surpris les chercheurs. L’empoisonnement au plomb – ou saturnisme – est un véritable problème de santé publique pouvant entraîner, entre autres, une baisse du QI, des troubles de comportement ou encore de l’épilepsie.

Face à ce problème mondial, les pays occidentaux ont oeuvré pour réduire la présence du métal incriminé dans les peintures, l’essence ou encore les canalisations d’eau. L’OMS a fixé des doses maximales hebdomadaires tolérables mais, au fil des recherches, ces seuils sont constamment repoussés, car le poison agit même à faible dose. Les scientifiques canadiens de cette étude expliquent que le seuil quotidien à considérer pour un foetus serait de 0,5 microgramme par litre et le seuil acceptable pour un adulte de 15 microgrammes par litre.

Plus de plomb dans les thés chinois

Or, avec un litre de thé, soit trois à quatre tasses par jour, le niveau d’exposition varie de 0,1 à 4,39 microgrammes par litre, auquel il faut ajouter le plomb relargué par la tasse en porcelaine ou en émail et la teneur en plomb dans l’eau (ici les chercheurs ont pris de l’eau déminéralisée). Ces niveaux sont dangereux pour les femmes enceintes, estiment les chercheurs, et acceptables pour les adultes à condition de faire attention aux autres sources de plomb inévitables au quotidien (eau, autres aliments, certains compléments alimentaires…).

Selon l’étude, ce sont surtout les thés Oolong chinois qui sont les plus concentrés – la pollution dégagée par les centrales de charbon chinoises pourrait être en cause, cette hypothèse restant à vérifier – suivis des thés noirs ordinaires. Les thés blancs biologiques, d’Inde ou du Sri Lanka présentent, eux, la plus faible concentration en plomb. Mais, d’une manière générale, les thés biologiques ne semblent pas moins pollués en plomb.

Continuer à boire du thé vert ?

D’autres métaux sont présents dans le thé : des minéraux bénéfiques comme le calcium, le magnésium, le potassium, le manganèse ou le phosphore, mais aussi d’autres métaux lourds considérés comme toxiques comme l’aluminium, présent à des niveaux trop élevés dans un thé sur cinq. Les chercheurs recommandent de ne pas dépasser trois minutes d’infusion, car, plus le thé infuse, plus sa teneur en aluminium augmente. Il en est de même pour l’arsenic, le cadmium ou le césium, des toxiques retrouvés dans presque tous les thés dans des quantités acceptables mais qui augmentent avec la durée d’infusion. Et, là encore, les thés biologiques ne semblent pas exempts : deux d’entre eux, des thés verts infusés longtemps, figurent parmi les plus pollués en aluminium.

Ces résultats ne remettent pas en cause les nombreuses vertus du thé vert, soulignent les chercheurs. Bénéfices cardiovasculaires, effets anticancéreux, modulation du diabète ou encore propriétés anti-infectieuses sont largement prouvés à travers de nombreuses recherches. Cependant, les femmes enceintes et allaitantes auraient intérêt à suspendre ou à limiter leur consommation pour protéger leur bébé et le reste de la population devrait être vigilant sur le cumul des différentes sources d’exposition au plomb : eau du robinet et récipients utilisés notamment.

Sources:
Le Point
Journal of Toxicology

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