Le jeûne, souvent perçu comme une pause dans l’alimentation, est en réalité un moment d’intense activité biologique. Il sollicite nos mécanismes physiologiques, renforce notre autonomie et optimise notre santé.
Il s’agit d’une privation volontaire de nourriture et, dans certains cas, de liquide, qui déclenche une série de réactions métaboliques favorables. Comprendre ces processus peut nous aider à intégrer le jeûne de manière saine et efficace dans notre quotidien.
Qu’est-ce que le jeûne ?
Le jeûne est la privation volontaire de nourriture, voire de boisson. Contrairement à une privation involontaire, qui génère du stress et du malaise, le jeûne volontaire est une démarche consciente qui permet au corps de déclencher une série de mécanismes bénéfiques. Nous jeûnons d’ailleurs tous les jours pendant notre sommeil, généralement entre 10 et 12 heures sans manger ni boire.
Notre corps est conçu pour optimiser la recherche de nourriture afin d’éviter la famine. Lorsqu’il ne reçoit pas de calories de l’extérieur, il active des mécanismes internes pour puiser dans ses réserves d’énergie et maintenir un bon fonctionnement. Cette capacité d’adaptation est renforcée par la pratique régulière du jeûne.
Au cours d’un jeûne, deux phases distinctes surviennent : une phase de privation et une phase de surcompensation. La première, bien contrôlée, entame la décomposition de réserves énergétiques pour combler l’absence d’apport alimentaire. Ensuite vient la phase de surcompensation, où le corps reconstruit et se renforce grâce à une alimentation adaptée après le jeûne.
Les mécanismes métaboliques durant le jeûne
La glycogénolyse (4 à 6 heures après le dernier repas)
Peu après le dernier repas, disons quatre heures, le taux de sucre dans le sang, issu de la digestion, commence à diminuer. Le foie libère alors du glycogène, un stock de glucose en attente, pour maintenir un niveau de sucre sanguin constant. Plus ce processus est sollicité par le jeûne ou l’activité physique, plus le corps apprend à accumuler du glycogène efficace. Cette phase atteint son apogée six heures après le dernier repas.
La néoglucogenèse (12 à 16 heures après le dernier repas)
Entre 12 et 16 heures sans alimentation, le corps active la néoglucogenèse : la production de glucose à partir de sources non glucidiques, comme les acides aminés (composants des protéines) et les acides gras. Ce processus est soutenu par une augmentation des niveaux hormonaux, comme l’hormone de croissance (GH), le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), qui favorise les connexions neuronales, et le glucagon, l’antagoniste de l’insuline.
L’autophagie (24 heures après le dernier repas)
L’autophagie, un processus d’autodégradation des composants cellulaires, se déploie intensément après 24 heures de jeûne. Elle recycle les éléments endommagés, favorisant ainsi la régénération cellulaire et participant à la croissance et à la réparation des tissus. L’autophagie contribue également à éliminer les agrégats de protéines anormales, comme la plaque amyloïde liée aux maladies neurodégénératives.
La cétose (32 à 72 heures après le dernier repas)
Après 32 heures, la néoglucogenèse diminue, car l’insuline est très basse. Le corps commence alors à produire des corps cétoniques, une autre source d’énergie à partir des graisses. Cette phase, appelée cétose, permet au corps de fonctionner directement avec les acides gras, réduisant ainsi l’inflammation et favorisant la détoxification. Le passage en cétose est marqué par une haleine caractéristique due aux corps cétoniques.
Le jeûne sec : une intensité accrue
Le jeûne sec, ou privation de nourriture et de boisson, amplifie les processus métaboliques. Le corps brûle ses réserves de graisse pour produire de l’eau, accélérant la transition vers la cétose. Cette intensité accrue rend le jeûne sec plus difficile, mais potentiellement plus efficace pour un nettoyage rapide et profond du corps. Les temps de transition sont ainsi réduits : ce qui prend 32 heures en jeûne hydrique peut survenir en 24 heures en jeûne sec.
En raison de la contrainte supplémentaire, il est essentiel d’aborder le jeûne sec avec prudence, particulièrement pour les novices.
Se préparer au jeûne : la descente alimentaire
La descente alimentaire est une phase préparatoire recommandée pour faciliter l’entrée dans le jeûne. En allégeant progressivement l’alimentation sur plusieurs jours, en privilégiant les jus de légumes, les fruits crus et en évitant les aliments transformés et lourds, le corps entame déjà un processus de nettoyage et d’adaptation. Cela permet de réduire les inconforts du début du jeûne et de préparer le terrain pour les mécanismes métaboliques décrits précédemment.
Autonomie et bienfaits du jeûne
Le jeûne, bien plus qu’une simple privation de nourriture, est une démarche de régénération et de vitalité. En sollicitant des mécanismes naturels de détoxification, d’autophagie et de production de corps cétoniques, il renforce notre santé physique et mentale.
Accessible à tous, quel que soit le statut social ou le niveau d’éducation, le jeûne propose une voie vers une autonomie retrouvée et une confiance renforcée dans les capacités naturelles de notre corps à se maintenir en bonne santé.
En intégrant le jeûne de manière régulière, en respectant ses phases et ses besoins, chacun peut expérimenter un renouveau de vitalité et une meilleure compréhension de soi. C’est un chemin prometteur vers une meilleure prévention des maladies et une meilleure qualité de vie, à portée de main pour tous.
Source: Regenere / Thierry Casasnovas