Avec ses recommandations exubérantes de consommer de 5 à 12 portions de céréales, la version 1997 du Guide alimentaire canadien (GAC) en avait fait sursauter plusieurs.
Dans une société qui s’adonne si peu à l’activité physique, il était surprenant de favoriser la consommation de tant de calories. Mais les céréales, est-ce si nécessaire ?
Une modification du GAC pas seulement cosmétique
La version 1983 du guide recommandait de trois à cinq portions de « pains et céréales ». Puis on a eu la version 1997, citée plus haut. En 2006, on nous promettait une nouvelle version avec des modifications qui étaient annoncées comme seulement « cosmétiques ».
Ce ne fut pas le cas. Le guide fut passablement amélioré au point d’être accueilli positivement par la plupart des écoles de pensée. Entre autres, on ne recommandait plus que 6 à 8 portions de produits céréaliers. Ce faisant, les produits céréaliers se retrouvaient en deuxième position dans le nouveau Guide, propulsant le groupe des fruits et légumes au premier rang. Cela ne faisait que confirmer ce que démontraient les recherches depuis de nombreuses années.
De l’activité physique virtuelle
Certains affirment que ce ne sont pas tant les céréales qui feraient engraisser, mais plutôt le fait de ne pas augmenter subséquemment l’activité physique pour bruler le surplus de calories qu’on vient de consommer. Ça ne tient pas la route : peu de gens vont se mettre à courir suite à un repas copieux pour bruler le surplus ingéré.
Et la tendance n’est pas de bon augure. Nous avons de moins en moins de chances de brûler nos excès caloriques dans une société aussi souvent à court de temps et si peu portée à l’activité physique. Où est passé notre temps ? En bonne partie devant ces petits écrans – cellulaire, télé, ordi, ipod, etc. – qui dirigent notre vie et déforment notre corps. Et ça, ce n’est vraiment pas virtuel, mais du concret.
Et c’est sans compter qu’on a œuvré à accentuer considérablement l’appétence de nos aliments : l’art culinaire gonfle l’appétit. Avec ça, c’est peine perdue pour notre désir de garder une taille de guêpe.
Les céréales et la survie, mais…
Nous savons que les céréales ont joué un grand rôle dans la survie de l’humanité. Ce fut le fait de l’agriculture qui nous a permis de planifier de bons apports naturels d’aliments, plutôt que de dépendre complètement des caprices de la nature. Or les céréales ont été la principale culture pratiquée par l’humanité à cette époque. Grâce à l’agriculture et aux céréales, nous devenions beaucoup mieux protégés de la famine.
Autres temps, autres mœurs, on discute maintenant de l’à-propos de réduire notre consommation de céréales. Bien sûr, les légumineuses, les pommes de terre et d’autres sont des sources notables d’énergie, mais elles ne bénéficient pas de recommandations bien ciblées comme les céréales.
Au niveau individuel, la recommandation de réduire les céréales s’avère une mesure simple et facile à cibler. Par exemple, on pourrait sacrifier les biscotes et tranches de pain que l’on prend par simple habitude pour accompagner notre ordinaire alimentaire.
Il est préférable de les remplacer en bonne partie par des légumes, à consommer crus de préférence, et que l’on ingère rarement en excès. On y perdra pas au change en termes de valeurs nutritives qu’on retrouvera dans les autres groupes alimentaires en plus de ce qu’apporteront les céréales que l’on aura gardées à notre menu. Car il n’est pas question de les bannir.
D’ailleurs, la part importante que les végétariens accordent aux céréales peut constituer un empêchement à maigrir. Plusieurs même en ont accusé de l’embonpoint. Là comme ailleurs, les positions extrêmes sont à éviter. L’élimination pure et simple des céréales n’est pas envisageable. La réduction s’avère un meilleur gage de succès.
Et le blé !
Le blé n’a pas bonne presse, entre autres pour les réactions au gluten que soulignent les Drs Jacqueline Lagacé et David Perlmutter, parmi bien d’autres auteurs à succès. Ce dernier va même jusqu’à déclarer les céréales impropres pour le cerveau. Sans activité physique, un corps stressé et nourri de malbouffe a tous les risques de mal tolérer ce qui est le plus normal. Allons vers plus de qualité, voyons !
Dr Carol Vachon