La vidéo choc des poulets en batterie de Système U

VIDEO. Images à l’appui, l’association de défense des animaux L214 accuse le groupe de grande distribution de Serge Papin de bafouer la loi.

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« Sordides et non conformes aux réglementations », c’est ainsi que l’association de défense des animaux L214 définit les conditions d’élevage de plusieurs exploitations de poules pondeuses qui fournissent la marque U.

Dans son reportage vidéo, dévoilé le 17 septembre à la mairie du IIe arrondissement de Paris, l’association dénonce les (nombreuses) entorses à la directive européenne : enclos grillagés, cadavres de poule en décomposition au milieu des animaux vivants, espaces exigus et non propices au bon développement des gallinacées…


Entre février et juin, l’association L214 a mené l’enquête dans trois élevages en batterie du Morbihan, en Bretagne. Sébastien Arsac, chargé de campagne de l’association, alerte sur une situation catastrophique :

« Les conditions d’élevage que nous avons observées contreviennent aux besoins élémentaires des animaux et enfreignent la réglementation européenne : la plupart des cages présentent des nids non conformes et ne sont pas dotées de grattoirs »

Dans les élevages, près de 100.000 poules sont entassées et enfermées pendant 68 semaines. Elles arrivent à l’âge de 18 semaines et doivent pondre à peu près deux oeufs tous les trois jours.

L’organisation de protection animale entend par cette action « faire retirer à Système U les oeufs de batteries qu’ils vendent actuellement sous la « marque U », précise Sebastien Arsac.

La faute du consommateur

« Si la réglementation s’avère non respectée, nous arrêterons les relations avec ce type d’élevages », a réagi auprès de l’AFP un porte-parole de Système U. Mais pas sûr que cette mise à nu suffise à changer véritablement les habitudes de la marque, qui considère que la demande de L214 d’arrêter complètement de vendre des oeufs de batterie « n’est pas recevable ». Le porte-parole se dédouane, en accusant le consommateur d’être responsable des choix de Système U.

« Certains consommateurs préfèrent faire le choix d’oeufs en cage car ils coûtent moins cher (…) Nous ne pouvons pas décider unilatéralement d’imposer au consommateur ce qu’il doit consommer »

Pour appuyer sa démarche, L214 dévoile un sondage réalisé par Opinion Way concernant l’élevage intensif de poules pondeuses dans des cages en batterie sans accès à l’extérieur.

90% des Français veulent interdire l’élevage en batterie

Cette enquête, réalisée selon la méthode des quotas, révèle que pour 90% des Français ce type d’élevage devrait « être interdit au profit de l’élevage en plein air ». Système U précise que 60% des oeufs qu’il commercialise proviennent d’élevages bio ou en plein air, contre 53% il y a cinq ans.

L’association se rendra devant le siège social de Système U à Rungis ce 18 septembre pour une manifestation et une projection vidéo des images d’enquête. Un enjeux important, surtout quand l’on sait que la France est le premier producteur européen d’oeufs avec 12 milliards de coquilles par an.

En février 2013, l’enseigne Monoprix, sous la pression de L214, avait décidé de ne plus commercialiser d’oeufs de batterie sous sa propre marque.

Pour consommer en pleine conscience, il suffit de connaître le code situé sur la coquille de l’oeuf. 0 : élevage bio, 1 : plein air, 2 : au sol et 3 : en batterie.

Barbara Krief (avec agences)

Le Nouvel Observateur